Après 20 ans de déboires, Eurotunnel réussit son OPE et évite la faillite

 
 
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Carte, chiffre d’affaires et actionnariat d’Eurotunnel.

[26/05/2007 08:49:09] PARIS (AFP) Après vingt ans de déboires financiers, Eurotunnel, étouffé par une dette colossale, a réussi à se transformer en un nouveau groupe restructuré et dont la créance est réduite de moitié, ce qui devrait sauver définitivement de la faillite l’exploitant du tunnel sous la Manche.

L’Autorité des marchés financiers (AMF) a annoncé vendredi, bien plus tôt que prévu, la réussite très large de l’Offre publique d’échange (OPE), qui doit donner naissance à Groupe Eurotunnel SA (GET SA), en lieu et place de la société actuelle, qui croule sous une dette de plus de 9 milliards d’euros.

Selon les résultats provisoires annoncés par l’AMF, plus de 2,222 milliards de titres ont été apportés à l’OPE, soit “environ 87% des unités en circulation”, largement au-dessus du seuil minimal de 50% requis.

“Eurotunnel est sauvé. Je remercie vivement les actionnaires qui se sont massivement mobilisés”, s’est réjoui le PDG du groupe Jacques Gounon dans un communiqué. Ce succès va permettre “à Eurotunnel de prendre un nouveau départ”, ajoute-t-il.

C’est un résultat inespéré pour la direction, qui s’est démenée depuis le 10 avril, jour de l’ouverture de l’OPE, pour convaincre ses 650.000 actionnaires de souscrire à l’OPE, à coups de discours alarmistes et de spots de publicité.

Les actionnaires devaient échanger leurs titres, qui ne valent presque plus rien, contre des actions du futur groupe GET SA, qui, elles, seront cotées à Paris et Londres, “à une date qui sera communiquée ultérieurement”, a précisé le groupe.

Eurotunnel va ainsi pouvoir mettre en oeuvre son plan de sauvegarde, avalisé par la justice en janvier et mettre un terme à plus de vingt ans de déboires financiers, marqués par un endettement astronomique devenu insoutenable.

Depuis 1986, Eurotunnel paye le prix d’un financement entièrement privé, exigé des Britanniques et consenti par les Français, et de prévisions de trafics qui se sont révélées beaucoup trop optimistes.

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Présentation des résultats financiers 2005-2006 d’Eurotunnel le 7 mars 2007 à Paris (Photo : Eric Piermont)

C’est aussi une victoire personnelle pour le PDG Jacques Gounon, qui a négocié pendant des mois auprès des créanciers du groupe pour faire passer sa dette de 9 à 4,16 milliards d’euros.

En échange de cet effort financier, les créanciers, essentiellement des banques et des fonds d’investissement, vont récupérer une grosse part du capital. Les actionnaires, eux, vont se voir réduits à la portion congrue.

Certains “petits porteurs” ont bruyamment exprimé leur mécontentement, s’estimant une nouvelle fois “spoliés” après avoir vu leur “placement de père de famille” fondre en bourse comme neige au soleil.

Introduit fin 1987 à 35 francs (5,34 euros), le titre Eurotunnel a atteint 128 francs (19,51 euros) en mai 1989, avant d’entamer une dégringolade à partir de 1994, l’année de l’ouverture du tunnel à la circulation.

Le titre, suspendu depuis mardi, au lendemain de la clôture de l’OPE, valait alors 37 centimes.

Mais les actionnaires ont finalement adhéré massivement à la proposition de la direction, qui souligne régulièrement le caractère rentable de l’exploitation du tunnel.

Eurotunnel a encore enregistré des pertes nettes en 2006 mais son bénéfice d’exploitation, qui reflète mieux le fonctionnement de la société, a crû de 42% à 326 millions d’euros en 2006 contre 230 millions d’euros en 2005.

Son chiffre d’affaires a atteint 830 millions, en hausse de 6%.

 26/05/2007 08:49:09 – © 2007 AFP