Syndicats européens : la CES veut s’imposer à la Commission et au patronat

 
 
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La nouvelle présidente de la CES, la Suédoise Wanja Lundby-Wedin, à Madrid le 22 mai 2007 (Photo : Cristina Quicler)

[24/05/2007 16:06:21] SEVILLE (AFP) La Confédération européenne des syndicats (CES) a fait le point de ses revendications lors de son 11e congrès à Séville (Espagne) clos jeudi et veut se poser en interlocuteur de poids de l’UE face à une Commission européenne et un patronat qui ne lui feront aucun cadeau.

Hausses des salaires, développement de l’emploi non précaire, flexécurité protégeant les salariés, charte des droits fondamentaux dans tout traité européen, la CES a martelé ses revendications pour les années à venir et exigé de pouvoir négocier ou être entendue par les autorités européennes.

Marquées par le combat victorieux contre le principe du “pays d’origine” de l’ex-directive “Bolkestein”, ces dernières années ont vu la CES peiner à imposer ses priorités dans l’agenda européen.

D’où l’accent mis sur la nécessité de passer à l'”offensive” par le secrétaire général de la CES, le Britannique John Monks, réélu à la tête de la confédération avec une équipe inchangée lors de ce congrès de quatre jours dans la capitale andalouse.

M. Monks a appelé jeudi à une manifestation européenne à Bruxelles lors du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE des 21 et 22 juin, afin qu’ils intègrent la charte des droits fondamentaux dans l’avenir institutionnel des 27, comme le prévoyait le traité constitutionnel européen.

Au-delà, la CES veut construire un véritable “dialogue social européen” avec le patronat, au besoin en demandant à l’UE de faire pression sur des employeurs réticents à négocier, notamment sur les questions d’emploi.

Elle souhaite également que la “flexécurité” à la mode dans les discours se concrétise par de nouvelles protections pour les salariés du vieux continent.

Le “manifeste” adopté jeudi, qui condense les 225 pages du programme voté à l’unanimité par les délégués, annonce également des campagnes pour “une augmentation des salaires minimums” et de “vraies hausses de salaires” dans les quatre années à venir.

Mais pour parvenir à ses fins, la CES doit d’abord réussir à se faire “respecter” par les autorités européennes, comme l’a déclaré à l’AFP sa nouvelle présidente, la Suédoise Wanja Lundby-Wedin, première femme élue à ce poste.

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Le secrétaire général John Monks à Séville le 22 mai 2007 (Photo : Cristina Quicler)

La partie semble loin d’être gagnée, au vu des interventions de responsables européens qui ont défilé à Séville pendant la semaine.

Invité de la journée d’ouverture, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a martelé devant les syndicalistes la nécessité d'”adapter” les modèles sociaux européens. Un discours qui a laissé le congrès sur sa faim. M. Monks a regretté que M. Barroso n’ait “pas offert d’espoir” aux travailleurs européens.

Le représentant patronal Ernest-Antoine Seillière, président de Business Europe, a pressé les congressistes de négocier la “flexécurité” censée associer souplesse pour les entreprises et sécurités pour les salariés.

Mais les syndicalistes accusent le patronat de ne retenir du concept que son versant flexibilité notamment en matière de licenciements.

Le chef du gouvernement espagnol, le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero, à la tribune mardi, s’en est surtout tenu à des préoccupations espagnoles, dans un contexte de campagne électorale dans la péninsule, ont déploré de nombreux congressistes.

La réalité sociale s’est pourtant largement invitée au congrès avec, en vedette américaine, l’équipementier automobile Delphi qui veut fermer une importante usine à Cadix, non loin de Séville. Le congrès a adopté une motion de solidarité avec les salariés.

En tout état de cause, la CES ne pourra sans doute compter que sur elle-même et sur sa double dimension, lobby auprès des institutions européennes et organisation syndicale mobilisatrice, pour “faire de l’Europe sociale une réalité”, comme l’espère M. Monks.

 24/05/2007 16:06:21 – © 2007 AFP