L’avenir du président de la Banque mondiale entre les mains des actionnaires

 
 
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Le président de la Banque mondiale Paul Wolfowitz, le 12 avril 2007 à Washington (Photo : Tim Sloan)

[12/04/2007 21:56:52] WASHINGTON (AFP) L’avenir du président de la Banque mondiale (BM), l’Américain Paul Wolfowitz, qui a admis avoir demandé l’avancement d’une employée à laquelle il était liée, était jeudi entre les mains des actionnaires de l’institution multilatérale.

Interrogé lors d’une conférence de presse sur sa démission éventuelle de la Banque, qu’il dirige depuis deux ans, l’ancien numéro deux du Pentagone, âgé de 63 ans, a répondu que son sort dépendait du conseil d’administration de la Banque. “J’accepterai tout remède qu’il proposera”, a-t-il dit.

“J’ai fait une erreur et je m’en excuse”, a-t-il aussi déclaré. “J’aurais dû faire confiance à mon intuition initiale et demeurer en dehors de toute négociation”, concernant les augmentations de salaires dont a bénéficié Shaha Riza (son amie).

Sans attendre le verdict du conseil d’administration, l’association des employés de la BM a demandé jeudi la démission de leur patron. “Il doit agir avec honneur et démissionner”, estime l’association, dans une lettre adressée aux employés de la Banque. Le conseil d’administration doit “prendre les devants en se lançant à l’échelle internationale à la recherche d’un nouveau président capable restaurer l’intégrité de la Banque”.

Les Etats-Unis ont indiqué de leur côté s’en remettre au processus d’évaluation en cours au sein de la BM. “Il y a un mécanisme en place et l’attitude la plus prudente pour nous est de laisser ce mécanisme se dérouler, et une fois qu’il aura débouché sur des conclusions, nous nous ferons une idée”, a dit le secrétaire adjoint au Trésor chargé des Affaires internationales, Tim Adams.

Cette affaire survient alors que la Banque tient ce week-end à Washington son assemblée de printemps, parallèlement à celle du Fonds monétaire international (FMI). M. Wolfowitz entend mettre l’accent à cette occasion sur son programme de lutte contre la corruption pour favoriser le développement économique des pays pauvres.

Ex-responsable de la communication de la BM pour le Moyen-Orient, Mme Riza avait été détachée de cette institution en septembre 2005 pour rejoindre le département d’Etat, six mois après l’arrivée à la présidence de M. Wolfowitz.

Ce dernier avait, après son arrivée à la tête de la Banque, informé le Conseil d’administration de la liaison qu’il entretenait avec elle et celui-ci avait recommandé qu’elle soit détachée dans une autre administration pendant la durée du mandat de M. Wolfowitz.

“J’ai fait preuve de bonne foi dans la mise en oeuvre de cette recommandation”, a plaidé jeudi M. Wolfowitz. “Et cela a été fait pour résoudre de façon responsable cette affaire dont j’estimais qu’elle présentait le risque de nuire à l’institution”, a-t-il ajouté. “Cette mutation était involontaire et j’ai jugé qu’il y avait un risque légal si un accord n’était pas trouvé à l’amiable”, a-t-il dit, laissant entendre que Mme Riza aurait pu aller en justice et demander des indemnités.

Mme Riza aurait reçu, selon des documents internes de la Banque mondiale qui ont été transmis à la presse, plus de 60.000 dollars d’augmentation de salaire portant ses émoluments à quelque 200.000 dollars par an, soit plus que la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice elle-même.

“Permettez-moi de demander un peu de compréhension”, a dit M. Wolfowitz, “non seulement cette affaire a été pour moi un dilemme pénible, mais j’ai dû y faire face au moment où j’arrivais à peine dans l’institution”. “Je demande à être jugé pour ce que je fais aujourd’hui et ce que nous pouvons faire ensemble dans le futur”, a-t-il conclu.

 12/04/2007 21:56:52 – © 2007 AFP