Paris III : dernière chance du Liban pour surmonter la crise financière

 
 
SGE.KUX32.230107103738.photo00.quicklook.default-245x152.jpg
“Nous voulons vivre sans dettes”, mentionne un panneau dans une rue bloquée à Beyrouth, le 23 janvier 2007 (Photo : Marwan Naamani)

[23/01/2007 10:41:59] BEYROUTH (AFP) La conférence internationale d’aide économique au Liban, jeudi à Paris, constitue la dernière chance pour le pays, écrasé par sa dette de 41 milliards de dollars, d’éviter une grave crise financière.

“Paris III permettra de ne pas déclarer la faillite du Liban s’il ne parvient pas à s’acquitter de ses dettes”, a affirmé l’analyste économique Antoine Choueiri, rappelant que le Liban “a respecté toutes les échéances concernant ses dettes même dans les moments les plus difficiles”.

Après la guerre entre le Hezbollah et Israël (juillet-août), la dette publique du Liban a continué de monter pour atteindre environ 41 milliards de dollars, soit plus de 180% de son PIB.

Beyrouth doit rembourser 7 mds USD pour 2007 et 9 mds pour 2008. La dette publique n’a cessé de gonfler depuis la fin de la guerre interlibanaise (1975-90). En 1992, elle s’élevait à 3 mds USD seulement.

Si les remboursements n’étaient pas honorés, le Liban “pourrait alors perdre sa crédibilité et ne serait plus une bonne destination pour les investissements étrangers”, dit M. Choueri.

Selon l’économiste Kamal Hamdane, “la plus grande partie de la dette n’est pas externe mais interne, en dollars, contractée auprès des banques locales”.

“Le non-remboursement des dettes pourra déstabiliser le système bancaire, colonne vertébrale du système économique libanais”, a ajouté M. Hamdane.

Les banques libanaises disposent d’importantes liquidités. Le volume des dépôts du secteur bancaire était à la fin 2006 de quelque 57 mds USD, soit trois fois le PIB du pays, et leurs avoirs avoisinaient les 70 mds USD.

Le pays a évité jusqu’à présent une fuite des capitaux.

M. Hamdane, qui affirme néanmoins que l’économie est en “état de mort clinique”, estime qu’une éventuelle incapacité du Liban à s’acquitter de ses dettes “pourrait pousser le pays à devenir pays débiteur dans le cadre du Club de Paris qui décidera alors de sa politique économique”.

Pour M. Choueiri, Paris III “constitue une bouée de sauvetage”, grâce aux dons ou aux prêts à faible taux d’intérêt espérés.

Les responsables libanais se sont abstenus de préciser le montant de l’aide souhaitée, mais des experts du FMI ont évoqué une hypothèse de travail de 9 milliards de dollars versés par étapes.

Le service de la dette constitue la principale cause du déficit budgétaire et est évalué à 47% des dépenses budgétaires.

Le gouvernement libanais présentera à la conférence un programme de réformes prévoyant l’instauration de nouvelles taxes dès 2008, accompagné de mesures sociales et financières et de privatisations.

Ces mesures sont fortement contestées par l’opposition, menée par le parti chiite Hezbollah, qui réclame le départ du gouvernement soutenu par les Occidentaux.

“Même l’opposition sait que le Liban ne peut se relever économiquement sans une aide extérieure”, a souligné M. Choueiri.

Selon M. Hamdane, la conférence, à laquelle participeront un grand nombre de pays et d’institutions internationales, constituera un appui politique au gouvernement, mais aussi la “seule solution pour faire face au danger (économique) qui plane”.

Pour l’expert Adnane Hajj, “la conférence de Paris va assurer des fonds dont nous avons énormément besoin car ils réduiront l’endettement de l’Etat auprès des banques libanaises”.

La conférence était prévue en décembre 2005 mais elle a été reportée à plusieurs reprises, en raison des soubresauts de la situation politique alors que les donateurs attendaient l’application de réformes.

 23/01/2007 10:41:59 – © 2007 AFP