Avis de tempête pour la SNCM dans la bataille pour la desserte de la Corse

 
 
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Un ferry de la SNCM, le 8 octobre 2006 à Marseille (Photo : Anne-Christine Poujoulat)

[15/12/2006 18:38:41] AJACCIO (AFP) La SNCM fait face depuis vendredi à un double avis de tempête, après l’annulation de l’appel d’offres pour la desserte de la Corse, pour laquelle elle était pressentie, et le maintien de l’indépendance de sa concurrente, la CMN, dont elle voulait prendre le contrôle.

Le Conseil d’Etat a annulé l’appel d’offres piloté par la Collectivité territoriale de Corse (CTC) pour attribuer la délégation de service public (DSP) pour la desserte continent-Corse entre 2007 et 2012, un juteux marché doté de 95 millions d’euros de subventions annuelles. Le Conseil d’Etat avait été saisi par la compagnie maritime Corsica Ferries, une des deux concurrentes de la SNCM pour la DSP.

Lancé en août, cet appel d’offres semblait taillé sur mesure pour la SNCM, détentrice actuelle de la DSP. Le conseil exécutif de Corse avait d’ailleurs recommandé le choix de cette compagnie, le 11 décembre. Un choix qui semblait écarter les risques d’un nouveau conflit social à la Société nationale Corse Méditerranée (2.400 salariés), privatisée au printemps 2006 au profit de Veolia Transports et du fonds d’investissement Butler Capital Partners (BCP).

La Corsica Ferries, qui devance aujourd’hui la SNCM pour la desserte de la Corse (plus de 2 millions de passagers), s’est félicitée de la décision du Conseil d’Etat: “il était urgent de rebâtir un vrai appel d’offres”, a déclaré à l’AFP son directeur général, Pierre Mattei.

Le Conseil d’Etat a précisé qu’il revenait à la CTC “soit de reprendre intégralement la procédure” d’appel d’offres, soit d’inviter les candidats –CMN, Corsica Ferries et SNCM– “à produire de nouvelles offres”.

Le président de l’Office des transports de la Corse (OTC), Antoine Sindali, a déclaré qu’il envisageait une reprise intégrale de la procédure “sur la base du règlement d’appel d’offres et du cahier des charges qui existent et qui, eux, n’ont pas été annulés”.

La SNCM se portera à nouveau candidate.

M. Sindali a ajouté qu’il proposerait à l’assemblée de Corse de proroger “pour une durée aussi courte que possible” l’actuelle DSP, qui vient à terme le 31 décembre.

“On se retrouve à la case départ, c’est un sale coup pour la SNCM”, a déclaré à l’AFP le secrétaire général de la CGT marins de Marseille, Jean-Paul Israël, tandis que la CFE-CGC de la SNCM parlait de “revers”.

Selon une source syndicale, un comité d’entreprise extraordinaire de la SNCM avec les actionnaires, originellement prévu le 22, a été avancé à lundi.

La SNCM a subi vendredi un deuxième revers devant la cour d’appel de Paris, qui a laissé son indépendance à la Compagnie méridionale de navigation (CMN). Arguant d’une rupture abusive de leur pacte d’actionnaires, la SNCM avait obtenu le contrôle de la CMN en première instance. Elle a annoncé qu’elle se pourvoyait en cassation.

“Nous sommes très satisfaits car ce sont des décisions de pur droit”, a indiqué une porte-parole de la CMN, ancienne alliée de la SNCM devenue une des ses principales concurrentes.

“Nous n’avons jamais cherché à faire capoter la privatisation de la SNCM, simplement le schéma dans le cadre duquel la SNCM comptait contrôler la CMN est tombé”, a ajouté le président de la CMN, Robert de Lambilly, pour qui cette décision “permet de rassurer nos personnels”.

Au-delà des batailles judiciaires françaises, la SNCM pourrait être inquiétée par Bruxelles. La Commission européenne a ouvert une enquête en septembre car elle doute de la compatibilité avec le droit communautaire de l’opération de renflouement/privatisation de la SNCM par l’Etat.

 15/12/2006 18:38:41 – © 2006 AFP