Le patron de Deutsche Telekom abandonne ses fonctions avec effet immédiat

 
 
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Le patron de Deutsche Telekom Kai-Uwe Ricke, le 9 novembre 2006 à Bonn (Photo : Henning Kaiser)

[13/11/2006 08:10:41] BERLIN (AFP) Kai-Uwe Ricke renonce à ses fonctions: le patron de Deutsche Telekom, le numéro un européen des télécommunications, a démissionné dimanche avec effet immédiat, tirant les conséquences du désaveu du conseil de surveillance et de son incapacité à redresser rapidement un groupe en perte de vitesse sur son marché national.

Après le départ de Marco Tronchetti Provera (Telecom Italia) en septembre, les changements au sein de l’équipe dirigeante de France Telecom, et les pressions exercées cet été sur Arun Sarin (Vodafone), le secteur des télécommunications, soumis à une rude concurrence et à des défis technologiques difficiles à gérer pour les grands groupes, fait ainsi une nouvelle victime.

M. Ricke, 45 ans, à la tête de Deutsche Telekom depuis 2002, va quitter ses fonctions avec effet lundi 13 novembre. Il en a décidé ainsi “en bonne intelligence” avec le comité réduit du conseil de surveillance, selon un communiqué diffusé dimanche soir par la société.

“Le conseil de surveillance se penchera sur sa succession à la présidence du directoire au cours d’une réunion (lundi)”, précise le communiqué.

La réunion en question ne devrait pas receler beaucoup de surprises, et entériner la nomination de René Obermann, 43 ans, chef de la division de téléphonie mobile du groupe T-Mobile, qui selon plusieurs sources proches de l’entreprise a déjà accepté de prendre les rênes du groupe. Il héritera de la délicate mission de remettre l’ex-monopole sur les rails en Allemagne, de le ramener sur la voie de la croissance et, presque 10 ans jour pour jour après sa privatisation, de redresser son cours de Bourse.

Le contrat de M. Ricke expirait normalement l’an prochain, et en septembre encore le conseil de surveillance, dirigé par le patron de Deutsche Post Klaus Zumwinkel, avait renouvelé sa confiance au dirigeant, qui déjà à l’époque faisait l’objet de rumeurs persistantes sur son départ.

Mais M. Zumwinkel et les autres membres de l’organe de surveillance, parmi eux un représentant du fonds Blackstone, actionnaire à 4,5% du groupe, ont semble-t-il perdu patience. Les résultats du troisième trimestre de Deutsche Telekom, publiés jeudi, faisaient état d’un bénéfice net en recul de 34% sur un an, une baisse certes attendue mais qui faisait mauvaise figure, alors que les abonnés ont continué à déserter en Allemagne. Depuis début janvier, 1,5 million ont tourné le dos à Deutsche Telekom, principalement dans la téléphonie fixe, son coeur de métier soumis à la double concurrence de nouveaux opérateurs et du portable.

Selon des sources proches de l’entreprise, la crise qui couvait à nouveau depuis plusieurs semaines aurait éclaté jeudi après la conférence de presse de présentation des résultats, conduisant à la réunion d’un conseil de surveillance exceptionnel dimanche. Blackstone, dont le patron avait en septembre publiquement exprimé son insatisfaction à l’égard des performances du groupe, ainsi que l’Etat allemand, premier actionnaire avec quelque 32% du capital, auraient été tous deux en faveur du départ de M. Ricke.

L’annonce de sa sortie a lieu alors que le patron pouvait se sentir relativement à l’abri. Entre juillet et septembre, il a réussi à stabiliser le chiffre d’affaires en Allemagne, et selon ses dires les abonnés ont afflué au début du quatrième trimestre, conséquence de l’introduction de nouvelles offres.

Mais pour le conseil de surveillance, M. Ricke reste apparemment associé à la phase de déclin qui a précédé ce léger mieux. C’est aussi lui qui était aux manettes quand, l’an dernier, le groupe a annoncé 32.000 suppressions d’emplois, écornant sérieusement son image.

 13/11/2006 08:10:41 – © 2006 AFP