Safran : Béchat, fragilisé, met la téléphonie mobile sur la sellette

 
 
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Le président du directoire de Safran, Jean-Paul Béchat, le 13 septembre 2006 à Paris (Photo : Franck Fife)

[13/09/2006 19:06:22] PARIS (AFP) Le président du directoire du groupe de haute technologie français Safran, Jean-Paul Béchat, qu’on disait menacé, a conservé son poste à ce stade et confirmé mercredi que le sort de l’activité téléphonie mobile déficitaire était sur la sellette.

La position de M. Béchat reste néanmoins fragile, selon une source proche du dossier qui lui reproche d’avoir “failli à sa mission” visant à rapprocher les cultures des deux entreprises fusionnées dans Safran depuis mai 2005, le motoriste et équipementier d’aviation Snecma et l’électronicien de défense et de communication Sagem.

Les pertes des téléphones portables Sagem, à la recherche de la taille critique, et l’annonce en août de prochaines “inflexions stratégiques” par M. Béchat, ont suscité l’inquiétude des salariés et exacerbé les tensions entre lui, ancien patron de la Snecma et les anciens de Sagem, en particulier le président du conseil de surveillance Mario Colaiacovo.

Une source proche du gouvernement estimait en début de semaine que le départ de M. Béchat était “souhaitable”, et bien que le conseil de surveillance se soit finalement contenté mardi du statu quo, une source proche du dossier parle d’une situation “non tenable”.

De son côté, M. Béchat espère “convaincre que le groupe est en bonne voie pour réussir la fusion”. Il a assuré mercredi que les représentants de l’Etat (premier actionnaire avec 30,8%) n’avaient “pas remis en cause la stratégie du groupe”, même si “les résultats ne sont pas très favorables”.

M. Béchat a précisé que la téléphonie mobile, pesant environ 10% de l’activité du groupe, avait perdu 52 millions d’euros au premier semestre, pour un chiffre d’affaires de 477 millions d’euros.

“Notre problème est l’alliance de deux petits producteurs, Sagem et le Chinois Bird. On n’y arrive pas, d’où la nécessité de réfléchir aux voies et moyens de traiter le problème”, a-t-il expliqué. “C’est l’inflexion stratégique sur laquelle nous travaillons”, a-t-il ajouté.

M. Béchat n’a pas précisé s’il privilégierait un nouveau partenariat ou une cession: “on va regarder toutes les voies possibles sans en exclure aucune”, a-t-il déclaré avant de dénoncer les “rumeurs”, mensonges”, selon lesquels il “aurait trouvé un acquéreur”.

Interrogé sur les informations évoquant un mandat donné aux banques Rothschild et UBS pour mettre en vente les portables, il s’est contenté de répondre: “dans ce genre de réflexion, il est naturel de s’appuyer sur des conseils”.

Il a en revanche exclu “une solution satisfaisant les actionnaires mais se faisant au détriment de l’emploi des salariés”. Un millier d’entre eux ont manifesté mardi contre “un démantèlement”, devant le ministère de l’Economie.

La Bourse a sanctionné Safran mercredi avec un recul de 6,86% à 15,88 euros à la mi-journée. Outre la faiblesse des résultats (résultat net à 133 millions d’euros au 1er semestre, en baisse de 36%), les analystes d’Exane BNP Paribas estimaient que “l’absence d’une annonce sur l’avenir de la branche communication suggère la persistance de la crise de gouvernance”.

M. Béchat a indirectement répondu que Safran “ne se juge pas sur une journée mais en fonction de ses activités de long terme”.

Il a souligné le succès des moteurs d’avions, la “dynamique” déjà réalisée par Snecma et Sagem dans les équipements aéronautiques. Il a aussi assuré que la branche Sagem Défense serait “positive” au deuxième semestre (-44 millions d’euros au 1er semestre) et que “la partie haut-débit de la branche communication le serait également”.

 13/09/2006 19:06:22 – © 2006 AFP