La baisse des charges sociales ravit les patrons

 
 
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Le Premier ministre Dominique de Villepin, lors de sa conférence mensuelle le 31 août 2006 à Troyes (Photo : Alain Julien)

[31/08/2006 16:34:12] JOUY-EN-JOSAS (AFP) La perspective d’une nouvelle réduction de charges sociales, vieille antienne patronale, a réjoui les chefs d’entreprises réunis à l’université d’été du Medef, même s’ils reconnaissent de possibles “effets pervers” à cette mesure.

Lors de sa conférence mensuelle à Troyes, axée sur la “troisième étape” du plan pour l’emploi, le Premier ministre Dominique de Villepin a confirmé jeudi la volonté du gouvernement d’aboutir à la suppression de toutes les charges sociales au niveau du Smic pour les entreprises de moins de 20 salariés, promettant sur le sujet un “vrai dialogue” avec les partenaires sociaux.

L’annonce a été immédiatement saluée par les organisations patronales, qui réclament régulièrement un allègement du “fardeau” des charges sociales, pénalisantes selon elles pour la “compétitivité” des entreprises françaises.

“Il est très bon de baisser le coût du travail dans notre pays”, s’est félicitée sur LCI Laurence Parisot, présidente du Medef, pour qui “nous avons le taux de prélèvements fiscaux et sociaux le plus élevé de la planète”.

“Aider les TPE (très petites entreprises), car ce sont elles qui vont être concernées, ça ne peut qu’avoir un effet positif, un effet de levier parce que ce sont les plus créatrices d’emplois”, a ajouté Mme Parisot.

Même son de cloche du côté de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME), qui “approuve sans réserve” cette réforme “en rupture avec les simples mesures d’assistanat”. Elle appelle à “poursuivre dans cette voie”.

Sur le terrain, certains petits patrons, directement concernés par la mesure, sont enthousiastes.

“C’est génial, j’attends cela depuis six ans!”, s’exclame Cyr-Igaël Rondot, président de l’agence de communication E-pensée, venu assister aux débats de l’université d’été du Medef à Jouy-en-Josas (Yvelines).

Ce chef d’entreprise, qui n’a pour l’instant qu’un salarié embauché en contrat nouvelles embauches (CNE), va “peut-être” avec cette mesure “pouvoir intégrer un salarié à plus long terme”. Les charges, “c’est ce qui fait que je ne développe pas la masse salariale de mon entreprise”, dit-il.

Pour Jean Alecian, qui dirige une association employant dix salariés, “il est certain qu’il faut alléger le coût du travail pour les plus bas salaires”. Mais il met en garde contre des “effets pervers”, tel un effet de seuil qui pourrait conduire des entreprises à se limiter à 19 salariés pour ne pas perdre l’exonération.

“Ce mouvement est intéressant sur le plan psychologique, mais la suppression des 2% de charges patronales qui restaient sur le Smic ne nous fera gagner que 24 euros par mois”, nuance Dominique Bizy, chef d’une entreprise d’assurance de huit salariés installée en Lozère.

“Il faut se méfier des effets de seuil, car maintenant on va vouloir garder les salariés au Smic le plus longtemps possible”, souligne-t-il, ajoutant qu’un “dispositif dégressif serait moins gênant pour les salariés”.

“Attention à la trappe à Smic”, renchérit Charles Beigbeder, le PDG du fournisseur indépendant d’électricité français Poweo.

Stéphane Torrez, dont l’entreprise de 150 salariés n’est pas concernée par la suppression de charges, craint de “devoir payer” pour cette mesure. “Ce que le gouvernement donne d’un côté” aux TPE, “il risque de le prendre aux entreprises plus grandes”, redoute-t-il.

“J’aimerais que le gouvernement fasse attention aux équilibres” entre les différents types d’entreprises, conclut-il.

 31/08/2006 16:34:12 – © 2006 AFP