Rentrée déprimée pour l’industrie automobile française à un mois du Mondial

 
 
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Parts de marché des groupes automobiles au 1er semestre 2006 et évolution par rapport au 1er semestre 2005

[30/08/2006 15:44:14] PARIS (AFP) Avec des ventes en berne dans un marché national stagnant et une baisse de la production en France au profit notamment des pays à bas coûts, l’industrie automobile française fait une rentrée en petite forme à un mois du Mondial à Paris.

“C’est une rentrée un peu morose mais nous allons l’animer avec le Mondial”, déclare-t-on au Comité des constructeurs français d’automobiles (CCFA), deux jours avant la publication des chiffres des ventes automobiles en août.

A un mois jour pour jour de l’ouverture au public du salon biennal, traditionnelle vitrine commerciale de l’industrie, PSA Peugeot Citroën et Renault sont à la peine sur leur territoire, de plus en plus concurrencés par les marques étrangères, asiatiques en tête.

Le nombre de voitures de fabrication française vendues dans l’Hexagone ne cesse de diminuer : leur part est passée à moins de 55% sur les sept premiers mois de 2006 contre plus de 60% en 2002.

“Dans un marché national pas terrible, les constructeurs français ont perdu régulièrement du terrain en matière de parts de marché depuis trois ans, de l’ordre de deux points par an”, observe le CCFA.

Non seulement les ventes de voitures ne devraient progresser que de 1,5% en 2006 contre 2,7% en 2005, “faute de progression suffisamment franche du pouvoir d’achat des ménages et malgré l’excellente tenue du crédit à la consommation”, mais elles profiteront “essentiellement aux constructeurs étrangers”, selon la société d’analyses Xerfi.

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Des voitures stockées sur le parking de l’usine Renault de Douai (Photo : Philippe Huguen)

Du coup, “la guerre commerciale est extrêmement agressive, avec des stratégies différentes : les importateurs cherchent à gagner des parts de marché tandis que les (constructeurs) français tentent de préserver leur rentabilité, quitte à vendre moins comme le montre l’exemple de Renault”, selon le CCFA.

Si PSA Peugeot Citroën et Renault, en cours de renouvellement de leurs gammes, vendent moins en France, ils fabriquent aussi moins de véhicules particuliers et utilitaires sur leur terre de naissance.

La production dans leurs usines françaises a baissé au premier semestre de plus de 12% sur un an, à 1,35 million de véhicules, sachant que leur production mondiale a aussi décliné mais seulement de 1,4%, à 2,73 millions d’unités.

Cette évolution “tient à la fois à la relative mévente de leurs modèles sur le marché français et à leur développement à l’international, puisqu’un tiers des ventes des constructeurs nationaux se fait désormais hors d’Europe occidentale dans des marchés de conquête où ils ont installé de nouvelles usines”, explique-t-on au CCFA.

“Certes il existe des nouveaux marchés mais cela n’explique pas tout. La délocalisation est en marche et n’est pas prête de s’arrêter”, estime pour sa part l’assureur-crédit Euler Hermès, en évoquant de “nouveaux outils de production à l’Est (République Tchèque, Slovaquie, Turquie) plus modernes et profitant de coûts salariaux six à dix fois inférieurs aux coûts français”.

Face à une concurrence exacerbée et à l’envolée des matières premières, les constructeurs français cherchent, comme leurs homologues étrangers, à réduire au maximum leurs coûts pour parvenir à dégager encore des bénéfices.

Les équipementiers français souffrent bien davantage, comme en témoigne la multiplication des suppressions de postes ces derniers mois.

Secteur d’activité crucial en France, puisqu’il représente environ 10% de la population active occupée, l’automobile a perdu 8.400 emplois sur un an, selon des statistiques publiées mi-juin par le ministère de l’Emploi.

 30/08/2006 15:44:14 – © 2006 AFP