Snobé par l’Arabie Saoudite, le Rafale reste orphelin à l’export

 
 
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Un avion de chasse Rafale, le 27 juin 2006 à Saint-Dizier (Photo : Bertrand Guay)

[18/08/2006 17:03:24] PARIS (AFP) L’avion de chasse Rafale de Dassault, qui compte jusqu’ici la France pour seul client, a subi vendredi une nouvelle déconvenue à l’export, l’Arabie Saoudite ayant confirmé son intention d’acheter 72 exemplaires du modèle européen concurrent, l’Eurofighter.

Ryad et Londres ont annoncé être parvenus à un accord sur l’achat par le royaume wahhabite de 72 avions de combat Eurofighter Typhoon, commercialisé par un consortium regroupant l’européen EADS, le britannique BAE Systems et l’italien Alenia/Finmeccanica.

Cette commande, qui fait suite à un protocole d’accord signé en décembre, n’est pas une surprise mais n’en demeure pas moins un camouflet pour le Rafale, qui n’a pas encore trouvé preneur à l’étranger.

Successivement battu par les modèles concurrents américains de Lockheed Martin et Boeing aux Pays-Bas et en Corée du Sud en 2002, puis à Singapour en 2005, le programme phare de l’industrie aérienne de défense française perd ici pour la première fois contre un rival européen.

Les chances du Rafale sur le marché saoudien paraissent désormais très ténues, même si la France garde espoir d’y placer quelques dizaines d’exemplaires.

En juillet, lors d’une visite officielle à Paris, le royaume pétrolier avait gratifié la France d’accords de coopération militaire, incluant la vente d’hélicoptères Eurocopter et d’avions ravitailleurs Airbus, sans toutefois prendre d’engagement sur le chasseur polyvalent français.

Dassault, silencieux sur ses perspectives en Arabie, s’est redit vendredi “extrêmement confiant dans les chances du Rafale, dont la mise en service dans le premier escadron de l’armée de l’air française, en juin dernier, va lancer la carrière à l’export”.

Un point de vue partagé par la ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie. “Les clients sont dans le domaine de l’armement comme tous les acheteurs. Ils sont rassurés quand ils voient que le pays vendeur s’équipe lui aussi de ce qu’ils veulent acheter”, faisait-elle valoir en juin.

A ce jour, 34 Rafale ont été livrés à l’armée française, dont une vingtaine à l’armée de l’Air, sur 120 exemplaires commandés pour le moment. Le “besoin national” a été estimé par la Défense à un total de 294 Rafale.

Pour expliquer les déboires de l’appareil à l’export, Mme Alliot-Marie avait évoqué les “retards” pris par la France pour passer commande. “L’Eurofighter comme le JSF (Joint strike fighter, ndlr) américain ont été créés après. Si nous avions pu équiper nos forces il y a 15 ou 20 ans, nous aurions été seuls sur le marché et le Rafale aurait été très largement vendu”, selon elle.

Dassault met en avant un autre facteur de poids pour expliquer le décollage laborieux du Rafale: l’influence politique anglo-saxonne. “Le poids américain donne une fois de plus raison au proverbe chinois: +le bambou penche toujours du côté de celui qui pousse le plus fort+”, avait lancé le groupe après sa défaite à Singapour en septembre 2005 face aux F-15 de Boeing.

Quant au prix du chasseur, jugé élevé par certains spécialistes, il est “inférieur de 40% à celui de l’Eurofighter”, plaide Dassault en citant le chiffre de 50 millions d’euros.

Le groupe français, qui ne s’avoue pas vaincu, espère encore remporter des contrats notamment en Grèce, en Inde et au Maroc où, d’après la presse, il négocierait la vente de 12 à 18 appareils.

En attendant, Dassault a discrètement commencé à faire campagne auprès des candidats à la présidentielle, afin de s’assurer de leur futur soutien.

 18/08/2006 17:03:24 – © 2006 AFP