Japon : les nouvelles usines high-tech poussent comme des champignons

 
 
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Un homme travaille sur un écran plasma Matsushita à Ibaraki au Japon, en décembre 2004 (Photo : Toshifumi Kitamura)

[08/08/2006 08:31:34] TOKYO (AFP) Loin de délocaliser massivement dans les pays à bas coûts, les entreprises nippones de haute technologie multiplient au contraire les créations d’usines au Japon, dans le souci de protéger les secrets de fabrication de leurs produits les plus avancés.

Depuis le début 2006, au moins vingt constructions de nouvelles usines au Japon ont été annoncées par des grands groupes nationaux, sur fond de reprise économique et d’explosion du marché mondial des produits high-tech.

Certes, les entreprises nippones assemblent effectivement en Chine ou dans d’autres pays asiatiques bon nombre de produits et n’hésitent pas à délocaliser leurs activités à faible valeur ajoutée. Mais elles retiennent jalousement au Japon la conception de leurs composants à haute technicité.

La plupart des nouveaux projets annoncés en 2006, qui engagent chacun de 10 à 180 milliards de yens (70 millions à 1,25 milliard d’euros) et vont créer plusieurs milliers d’emplois au total, sont l’oeuvre de sociétés des secteurs des technologies électroniques.

Matsushita, connu pour sa marque Panasonic, a ainsi mis en chantier au Japon la plus grande usine du monde de dalles mères pour téléviseurs à écran plat plasma.

Il venait à peine d’inaugurer, toujours au Japon, un nouveau site similaire. Mais l’explosion du marché mondial des téléviseurs à écran plat et la nécessité de produire des dalles de plus grande taille l’ont contraint à lancer immédiatement un deuxième projet similaire.

Son compatriote Sharp est dans la même situation.

Il va mettre en exploitation en août sa nouvelle usine ultra-moderne de dalles à cristaux liquides (LCD) dites de huitième génération dans le centre du Japon. Il prévoit déjà d’y installer une deuxième ligne de production d’ici mars 2007, et d’autres encore par la suite.

Dans les deux cas, le choix du Japon, où le coût de la main d’oeuvre, très qualifiée, est pourtant élevé, s’explique par la volonté de garder à la maison les secrets de fabrication, à la clé de la compétitivité des groupes japonais.

“Il est plus rationnel de produire les dalles au Japon”, explique une porte-parole de Sharp, Miyuki Nakayama.

“D’une part parce qu’il y a une forte concentration d’entreprises qui développent les matériaux et technologies avancées relatives à cette activité, et d’autre part pour éviter la fuite des technologies et du savoir-faire”, ajoute-t-elle.

Même phénomène pour les semi-conducteurs (circuits intégrés à large échelle – LSI- ou mémoires flash): Toshiba et Sandisk, ou encore Fujitsu, vont investir plusieurs dizaines de milliards de yens pour élever leurs capacités de production au Japon et acquérir les dernières technologies en date.

Le tout pour répondre à l’envolée de la demande de téléphones portables, de baladeurs numériques et autres objets nomades.

Pour les mêmes raisons, Toshiba Matsushita Display va prochainement mettre en route un nouveau site sur l’Archipel afin de doubler sa capacité de production de petits écrans LCD 2,2 pouces à 10 millions d’unités par mois.

Enfin Canon, dont les appareils numériques reflex connaissent un succès croissant, va inaugurer en 2007 en territoire nippon un nouveau centre destiné à la fabrication d’objectifs interchangeables.

L’extension des capacités de production des grands groupes entraîne leurs fournisseurs et sous-traitants, eux aussi contraints d’ouvrir de nouvelles usines pour honorer les commandes de leurs clients au Japon.

Ainsi Asahi Glass, qui détient 80% du marché des verres pour écrans plats, a lui aussi annoncé récemment la construction d’un nouveau site au Japon. Idem pour FujiFilm qui manufacture des filtres pour les écrans plats.

 08/08/2006 08:31:34 – © 2006 AFP