EDF s’envole en Bourse, dopé par la perspective d’une hausse de ses tarifs

 
 
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Logo d’EDF au siège du groupe à Paris (Photo : Stéphane de Sakutin)

[04/08/2006 16:13:06] PARIS (AFP) Le titre EDF s’est envolé vendredi à la Bourse de Paris, dopé par la perspective d’une hausse des tarifs du groupe énergétique à compter du 15 août, une décision du gouvernement critiquée par les syndicats et les consommateurs

L’action EDF a clôturé en hausse de 5,96%, à 44,24 euros, soit la plus forte progression de la place parisienne. Elle avait monté en séance jusqu’à plus de 7%. Depuis le début de l’année, le titre a pris près de 40%.

“L’élément clé, c’est la hausse potentielle des tarifs du groupe, plus que la publication d’un chiffre d’affaires très légèrement supérieur aux attentes”, expliquait un courtier parisien s’exprimant sous couvert de l’anonymat. C’est “une bonne nouvelle car on s’attendait plutôt à ce que les tarifs soient encore gelés jusqu’à la mi-2007”, a-t-il souligné.

Parallèlement, EDF a en effet annoncé vendredi une progression de 19,2% de son chiffre d’affaires au deuxième trimestre, à 12,77 milliards d’euros, grâce à la montée des prix de l’énergie ainsi qu’à ses activités internationales.

“La perspective d’une hausse des prix d’EDF est inattendue, et devrait accroître la confiance des investisseurs dans le groupe”, selon les analystes d’Exane BNP Paribas.

Le gouvernement envisage une hausse des tarifs d’EDF de 1,7% à partir du 15 août, et a saisi la Commission de régulation de l’énergie (CRE) d’un projet d’arrêté visant à revaloriser les tarifs réglementés de vente d’électricité, a-t-on appris jeudi auprès de Bercy et d’EDF.

La CRE devrait rendre son avis le 9 août et le gouvernement prendre sa décision entre les 12 et 14 août, a-t-on précisé de source proche du dossier.

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Evolution des tarifs d’EDF

La dernière hausse des tarifs remontait à janvier 2003, avec une augmentation de 3%. Il y avait ensuite eu une baisse de 1,6% en janvier 2004.

Selon un porte-parole d’EDF, l’augmentation “représentera une hausse mensuelle d’un peu moins d’un euro par foyer”. Elle sera “légèrement en-deçà de l’inflation” et correspond “à la stricte application du contrat de service public qui avait été signé en octobre 2005 entre l’Etat et EDF”, a-t-on précisé à Bercy.

Mais cette nouvelle hausse a été critiquée par les syndicats et les consommateurs. La Fédération FO de l’énergie l’a jugée “inappropriée”, y voyant la preuve que l’ouverture totale du marché de l’énergie en 2007 entraînera une hausse des prix. Pour la CGT, “rien” ne la justifie.

La CFTC estime pour sa part qu'”aucune justification plausible” ne peut être avancée au vu des “excellents résultats de l’entreprise”.

“Encore une fois, c’est annoncé au beau milieu de l’été, c’est une façon d’essayer de faire avaler la pilule en douceur”, a dénoncé l’association de consommateurs CLCV (Consommation, logement et cadre de vie).

L’UMP Gilles Carrez, rapporteur général du budget à l’Assemblée nationale, est venu au secours du gouvernement en jugeant vendredi “normal” qu’EDF augmente ses tarifs, même s’il a regretté que la prochaine hausse intervienne le 15 août, en pleine pause estivale.

Au-delà de l’effet de surprise, les investisseurs saluent les montants de revenus supplémentaires qu’assurerait à EDF une telle hausse de prix. Ils ont déjà fait leurs calculs. Une hausse de ses tarifs de 1,7% permettrait à EDF d’engranger 360 millions d’euros de résultat brut d’exploitation supplémentaire en année pleine.

 04/08/2006 16:13:06 – © 2006 AFP