Spartacus, Diogène, Ibn Khaldoun et l’Histoire

 

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Par Ibtissem

Khaldun.jpgVous savez, quand on voyage, on passe
beaucoup de temps dans les hôtels à regarder la télévision et à lire, et
j’avais emporté avec moi un petit ouvrage édité par la maison CARTAGINOISERIES intitulé IBN KHALDOUN ET L’HISTOIRE. Le livre
comprend moins de 200 pages, très bien écrit dans un style dense et concis,
au contenu précis et où l’esprit et la lettre se rejoignent admirablement.
Un véritable délice d’érudition …

Le hasard a voulu qu’au cours de ma lecture, la chaîne 2M marocaine avait
projeté un magnifique péplum avec KIRK DOUGLAS consacré à la révolte des
esclaves et SPARTACUS et la violente réaction des Romains qui réprimèrent
dans le sang cette révolte et crucifièrent plus de 7.000 esclaves faits
prisonniers, et ensuite, JULES CESAR prit le pouvoir …et l’on connaît la
suite avec un BRUTUS, fils indigne de CESAR et la dégénérescence d’une
civilisation ….. Le comportement désespéré de SPARTACUS, conscient qu’il ne
pouvait vaincre ROME, mais qui se battit en homme libre et mourut en homme
libre, me rappela le philosophe DIOGENE qui, en plein jour, une bougie à la
main disant en plein jour désespérément : ‘’je cherche un homme, je cherche
un homme ; car les civilisations et l’histoire sont faites par les hommes et
pour les hommes ; et naissent, mûrissent et meurent comme les hommes’’.

Ce mécanisme de l’histoire fut démonté par cet homme que fut IBN KHALDOUN
dont les Prolégomènes sont toujours d’actualité, malgré les quelques pales
copies dont certaines furent machiavéliques comme dirait un certain PRINCE.

Dans cet ouvrage qui explique l’évolution de la pensée de IBN KHALDOUN, son
circuit –on dirait son curriculum vitae maintenant– les lieux où il est né
par où il est passé et où il a servi, sa versatilité souvent réprimée par
des passages en prison et surtout sa magnifique érudition et sa vision
globale d’un société arabo-musulmane du 14ème siècle qu’il voyait dépérir
indubitablement. Car IBN KHALDOUN, que beaucoup de pays jusqu’à aujourd’hui
se distribuent l’appartenance –d’origine yéménite, né Tunis où sa statue
trône, ayant servi à BOUGIE, FES, GRENADE et enseigné au CAIRE où il
décéda– était un citoyen du monde avant l’heure, avait vu et bien vu avant
tout le monde que tout était périssable et que la civilisation est surtout
fragile, mais que comme SPARTACUS, il faut se battre contre la fatalité de
la pauvreté et de l’esclavage ; et comme DIOGENE, il faut chercher et mettre
en place les hommes qu’il faut à la place qu’il faut.

Je terminerai ce papier par une des belles phrases de cet ouvrage : «quand
on avance n’est-ce pas, chaque fois une chute en avant?»