La Russie va prolonger de trois mois l’accord gazier avec l’Ukraine

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à Opari, au sud-ouest de Lviv, en Ukraine, le 30 septembre 2014 (Photo : Yuriy Dyachyshyn)

[31/03/2015 17:49:22] Moscou (AFP) Le président russe Vladimir Poutine a annoncé mardi prolonger de trois mois, à la demande de Kiev, l’accord qui encadre les livraisons de gaz russe à l’Ukraine, qui devait expirer le soir même au risque de provoquer leur interruption.

Le Premier ministre Dmitri Medvedev a indiqué lors d’une rencontre avec M. Poutine que Kiev avait demandé de renouveler ce compromis provisoire signé en octobre après plusieurs mois de suspension des approvisionnements. “Faisons ainsi”, a approuvé le président, selon des images retransmises par les télévisions russes.

L’opérateur gazier ukrainien Naftogaz avait indiqué lundi, disant soutenir une proposition de Bruxelles, avoir demandé une prolongation d’un an mais Gazprom s’était ensuite dit prêt à accepter une période de trois mois, jusqu’au 1er juillet, précisant que la décision revenait au gouvernement russe.

“L’accord est prolongé pour trois mois (…) sans changement”, a précisé ensuite le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, cité par les agences russes.

L’accord permet à l’Ukraine, sans la contraindre, de continuer à acheter du gaz russe, dont elle reste très dépendante, à condition de le payer à l’avance. Il prévoit notamment une réduction de 100 dollars par millier de mètres cubes qui s’ajoutera à l’effet de la baisse des prix du pétrole pris en compte dans ceux du gaz.

“Je sais que le prix sera inférieur à 250 dollars (pour 1.000 m3), nous pensons qu’il sera de 248 dollars”, a déclaré mardi le ministre ukrainien de l’Energie Volodymyr Demtchichine, cité par l’agence Interfax-Ukraine mardi.

Mi-mars, son homologue russe Alexandre Novak avait évoqué un prix similaire, bien inférieur aux 485 dollars fixés il y a un an avant la chute des cours du pétrole et l’octroi de la réduction.

– L’UE inquiète –

Après l’arrivée au pouvoir des pro-Occidentaux à Kiev en février 2014, Moscou avait en effet décidé d’augmenter le prix du gaz vendu à Kiev puis, face au refus ukrainien de s’acquitter de cette note, avait interrompu en juin ses livraisons. Elles n’ont repris que grâce à un accord provisoire conclu après une médiation de la Commission européenne.

Le différend a été ravivé par la décision fin février de Moscou de commencer à livrer directement du gaz aux zones contrôlées par les séparatistes prorusses de l’est de l’Ukraine.

Les différentes parties ont indiqué prévoir de nouvelles négociations mi-avril.

“Nous partons du fait qu’actuellement l’économie ukrainienne se trouve dans une situation très difficile, et malgré le fait qu’une telle décision peut avoir des conséquences peu favorables pour notre budget (…), nous pensons qu’il est possible” de soutenir la proposition de Gazprom, a expliqué mardi M. Medvedev.

Le chef du gouvernement a précisé que cette décision supposait que Naftogaz respecte de son côté ses obligations prévues par l’accord en termes de remboursement des dettes ukrainiennes.

M. Poutine a expliqué de son côté la durée limitée à trois mois par l’évolution rapide des cours du pétrole qui se répercute sur le gaz, soulignant qu’il faudrait refaire le point avant toute nouvelle décision.

Cet accord provisoire permet à l’Ukraine de conserver sa principale source d’approvisionnement, à Gazprom de garder l’un de ses premiers clients et à l’UE de se rassurer face au risque de possibles perturbations de ses propres livraisons de gaz russe. Quelque 15% du gaz consommé en Europe transite par le territoire ukrainien.

L’accord évite de trancher sur le fond du contrat signé en 2009 et contesté par Kiev devant un tribunal d’arbitrage de Stockholm, qui doit se prononcer seulement fin 2016.

Une coupure du gaz ne serait pas critique à court terme, selon les experts, la période hivernale de forte consommation touchant à sa fin. Mais Bruxelles voudrait une résolution au plus vite pour permettre à l’Ukraine de regarnir les réserves permettant d’assurer la fluidité des livraisons vers l’UE qui transitent par son territoire, afin d’éviter des perturbations l’hiver prochain.