Routiers : les négociations salariales virent au “clash”

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éance de négociations le 18 janvier 2015 à Paris (Photo : Lionel Bonaventure)

[09/02/2015 14:34:16] Paris (AFP) “L’ultime” séance de négociation salariale dans le transport routier, interrompue mardi dernier faute d’avancées, a tourné au “clash” lundi, selon les syndicats qui reprochaient au patronat d’être venu les mains vides.

Les deux camps se sont retrouvés en début d’après-midi à la Direction Générale du Travail à Paris pour boucler un cycle de négociations annuelles obligatoires (NAO) marqué, depuis son lancement début novembre, par de fortes tensions entre partenaires sociaux.

Mais les retrouvailles n’ont permis aucun rapprochement, à en croire les syndicats.

“Ca va au clash”, a commenté auprès de l’AFP Jérôme Vérité, secrétaire général de la CGT Transports. “Le patronat est revenu sans rien” proposer de nouveau par rapport à la semaine précédente, selon lui.

Mardi, les chambres patronales ont fait des propositions pour améliorer le pouvoir d’achat des salariés. Parmi elles, la réduction de la carence maladie (de 5 à 3 jours), une meilleure prise en charge de la mutuelle obligatoire ou encore une hausse des indemnités de déplacement.

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ésident de la FNTR, le 9 octobre 2014 à Paris (Photo : Patrick Kovarik)

Mais sur la question des salaires, “cruciale” pour la CGT, il n’est pas question pour elles d’aller au-delà des 1 à 2% d’augmentation proposés selon les coefficients, là où les syndicats réclament 5% pour tous.

Le patronat “est allé à la limite de ce qui pouvait (lui) sembler raisonnable”, estime Jean-Christophe Pic, le président de la FNTR, première organisation professionnelle du secteur.

“2%, ce n’est pas raisonnable”, réplique Thierry Douine (CFTC). Cette hausse, explique-t-il, ne constitue en effet qu’un simple rattrapage du Smic, après deux années sans augmentation générale.

A l’embauche, les plus bas salaires de la convention collective du transport routier de marchandises (TRM) sont actuellement sous le salaire minimum (9,61 euros en 2015).

“On a l’impression de faire la manche”, se désole Patrice Clos (FO).

Les syndicats acceptent de revoir leurs exigences à la baisse, à condition que le patronat soit plus généreux. “On n’est pas ferme à 5%. Mais entre 5 et 2%, il y a une marge”, glisse-t-il.

“On essaie de faire la politique du petit pas”, mais “aujourd’hui on est dans une position intenable”, lance-t-il, fustigeant des “échanges pas à la hauteur” des attentes syndicales.

– “Menaces pas acceptables” –

Pour la CFDT Transports, les “gestes d’ouverture” dont la partie patronale se targue d’avoir fait preuve mardi dernier “ne répondent toujours pas aux légitimes demandes des salariés”.

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à Corbas, près de Lyon, le 28 janvier 2015 (Photo : Philippe Desmazes)

Le syndicat majoritaire dénonce la partie de “poker-menteur” de certaines fédérations patronales, qui “tentent de fausser le débat en avançant par voie de communication tous azimuts des chiffres pharaoniques”.

Il demande que “la partie patronale apporte des propositions dignes de ce nom, chiffrées et écrites”.

L’OTRE, qui représente les PME, se dit prête à regarder les “évolutions possibles, mais de façon globale”, et non point par point, affirme à l’AFP Jean-Marc Rivera, son secrétaire national adjoint.

“Nous donnons encore une chance à la négociation, on espère un retour positif” de la part des partenaires sociaux, dit-il. Mais “si lundi on n’a pas trouvé l’équilibre, on aura sonné la fin de la récréation. Nous ferons face à un échec largement constaté”.

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à la presse le 10 décembre 2009 au ministère du Travail à Paris (Photo : Mehdi Fedouach)

En cas d’échec, la CFDT Transports “ne sera pas signataire de l?accord formation professionnelle et s?assurera qu?aucun métier relevant de la branche ne sera inscrit sur les listes éligibles au Compte Personnel de Formation”, a-t-elle déjà prévenu.

Évoquant des “menaces” “pas acceptables”, les syndicats patronaux FNTR, TLF et Unostra ont dénoncé un “chantage à la signature” dont les “premières victimes” seront “les salariés du secteur eux-mêmes”.

Dans ce contexte, la reprise des blocages de sites industriels et logistiques initiés par l’intersyndicale (CGT, FO, CFTC, CFE-CGC), pendant dix jours en janvier, paraît possible.

“On prépare tout le monde à repartir si ça capote. Les copains sont prêts à repartir au charbon”, prévient Jérôme Vérité.