Casino, snobé par Wall Street, va de l’avant avec la cotation de sa filiale d’e-commerce

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à Paris, le 28 juillet 2010 (Photo : Eric Piermont)

[20/11/2014 12:59:05] Paris (AFP) Le distributeur français Casino a finalement choisi jeudi de mener à bien l’introduction sur le marché boursier américain de sa filiale de e-commerce Cnova, en dépit de l?accueil très froid réservé par les investisseurs à cette opération.

Le prix de vente de l’action Cnova a été fixé à 7,00 dollars, selon un communiqué publié jeudi, alors que la société avait indiqué fin octobre viser un prix compris entre 12,50 et 14,00 dollars.

A ce prix, la vente de 26,8 millions de titres devrait rapporter 188 millions de dollars, avant les frais liés à l’opération. Cet argent servira à l’entreprise à financer les outils de sa croissance, notamment dans le domaine technologique.

Cnova espérait initialement récupérer plus de 300 millions de dollars, en retenant un prix au milieu de la fourchette indicative communiquée au marché.

Sur la base du prix d’introduction, Cnova est valorisé 3,1 milliards de dollars, avant exercice d’une éventuelle option de surallocation rendue peu plausible par l’accueil glacial des investisseurs.

Chez Casino, on explique avoir décidé d’aller de l’avant, malgré “des conditions de marchés difficiles”, parce qu’il était “stratégique” de mener à bien cette cotation.

“C’est la vision de long terme qui a prévalu”, a-t-on ajouté, en rappelant les fondamentaux prometteurs de l’entreprise.

– Une logique industrielle –

L’opération s’effectue entièrement par le biais d’une augmentation de capital de Cnova, ce qui implique que les résultats décevants de l’opération seront sans conséquences sur les comptes de Casino.

Pour autant, le titre du distributeur stéphanois plongeait de plus de 5% à 80,14 euros, après deux heures de transactions à la Bourse de Paris.

“Il y a une déception des investisseurs, car le groupe avait promis monts et merveilles avec cette introduction et nous sommes loin des chiffres annoncés au départ, avec finalement une toute petite opération”, a souligné Xavier de Villepion, vendeur d’actions chez HPC.

“La déception des investisseurs devrait peser sur le titre”, a également estimé un analyste parisien. Mais “notre déception est relativisée par le fait que nous avons toujours privilégié une lecture industrielle du projet de cotation de Cnova à celle d’un +coup financier+”, a-t-il ajouté en maintenant sa recommandation à l’achat sur le titre.

La cotation de Cnova débutera vendredi au Nasdaq sous le symbole “CNV”, a précisé la société spécialisée dans la distribution de produits non alimentaires.

Cnova est essentiellement une entreprise franco-brésilienne, mais elle a au cours des derniers mois étendu son champ géographique d’activité à toute une série de nouveaux pays, avec des ouvertures de sites en Colombie, en Thaïlande, au Vietnam, en Equateur, en Côte d’Ivoire, au Sénégal et en Belgique.

Cnova, qui possède en France le site Cdiscount.com, affirme compter 12,9 millions de clients actifs dans le monde. La société a généré l’an dernier un volume d’affaires de 3,6 milliards d’euros et un chiffre d’affaires net de 2,9 milliards d’euros (+17%).

Avant son introduction en Bourse, qui porte sur une fraction du capital (6%-7%), Cnova était détenu directement à 46,5% par Casino et indirectement à 53,5% par ses filiales latino-américaine CBD et Via Varejo ainsi que par les fondateurs brésiliens de l’un des sites de la marque.

L’opération constitue en tous cas une déception après l’accueil enthousiaste réservé par la Bourse de New York à un autre spécialiste du commerce en ligne, le chinois Alibaba.

Alibaba, qui fonctionne selon un autre modèle économique que Cnova (c’est surtout une place de marché en ligne associée à un système électronique de paiement), valait en effet 270 milliards de dollars mercredi soir à Wall Street.