Le Premier ministre chinois et Merkel s’affichent unis face à la crise

14ee525659a7f2b5cecae62f9f7247668474bc59.jpg
ère allemande Angela Merkel en conférence de presse le 10 octobre 2014 à Berlin (Photo : Odd Andersen)

[10/10/2014 16:57:54] Berlin (AFP) La chancelière allemande Angela Merkel et son homologue chinois Li Keqiang ont fait voeu vendredi à Berlin d’intensifier encore la relation entre les deux pays, qualifiée de “pôle de stabilité” dans un contexte économique mondial tendu.

“Dans un contexte difficile pour l’économie internationale, c’est un signe de stabilité que la coopération germano-chinoise se développe aussi bien (et) que nous apprenions à mieux nous connaître”, a déclaré Mme Merkel lors d’une conférence de presse commune des deux dirigeants.

M. Li a participé vendredi, avec 14 membres de son gouvernement, à des consultations inter-gouvernementales avec l’équipe de la chancelière. L’Allemagne est le seul pays avec lequel la Chine cultive ce format.

A cette occasion les gouvernements des deux grandes puissances exportatrices ont signé de nouveaux accords de coopération, dans l’énergie et la santé par exemple.

Sur le plan commercial, la Chine s’est engagée à acheter 70 moyen-courriers A320 à l’avionneur européen Airbus. Le constructeur automobile Volkswagen a prolongé jusqu’à 2041 son partenariat avec son partenaire chinois FAW, alors que le concurrent Daimler s’est engagé à de nouveaux investissements en Chine. Deutsche Telekom a dévoilé la création d’une co-entreprise dans la voiture connectée avec China Mobile.

– Du chocolat –

La Chine est le troisième partenaire commercial de l’Allemagne, avec des échanges atteignant 140 milliards d’euros l’an dernier. Et sur les trois premiers trimestres de cette année, le commerce bilatéral a encore fortement progressé, a avancé M. Li, “malgré une économie mondiale faible”.

“Nous sommes dépendants l’un de l’autre, nous formons une communauté de destin”, a-t-il estimé, en soulignant le contexte économique difficile qui rend, selon lui, encore plus nécessaire les coopérations internationales.

La relation germano-chinoise est “la locomotive pour la coopération entre la Chine et l’Europe”, a-t-il ajouté.

Quelques sujets de friction n’ont pu assombrir vendredi les manifestations d’amitié entre Pékin et Berlin. Les deux chefs de gouvernement sont même allés jusqu’à exprimer leur complicité en allant ensemble au supermarché, où la chancelière a acheté du chocolat à son invité, entre deux rendez-vous.

Interrogée sur la situation à Hong-Kong, où des milliers de manifestants étaient encore mobilisés vendredi, Mme Merkel s’est abstenue de critiquer le régime de Pékin, se contentant d'”espérer que puisse être trouvée une solution qui satisfasse la population de Hong Kong dans le cadre d’un échange libre d’opinions”.

La chancelière avait dénoncé en amont la sentence d’emprisonnement à vie prononcée en Chine contre l’universitaire ouïghour Ilham Tohti, mais le sujet n’a pas été abordé en public vendredi.

“Tous les pays du monde doivent respecter la souveraineté des autres”, a affirmé M. Li devant la presse à Berlin, répétant la position traditionnelle de Pékin sur les droits de l’Homme.

– “D’un autre temps” –

Mme Merkel et son ministre de l’Economie Sigmar Gabriel, à un forum économique qui se tenait en parallèle, se sont fait l’écho des doléances des entreprises allemandes, qui réclament “l’égalité de traitement” en Chine, et notamment la possibilité de participer aux appels d’offre publics chinois.

Les dispositions qui brident l’activité des entreprises étrangères sur le territoire chinois sont “d’un autre temps”, a jugé M. Gabriel, se risquant même à évoquer le cas des constructeurs automobiles étrangers, dont beaucoup, à l’image de Volkswagen et Daimler, sont sous le coup d’enquêtes du régulateur chinois de la concurrence NDRC.

“Entreprises étrangères et chinoises font partie intégrante de notre économie, nous les traitons de la même façon”, a rétorqué M. Li. “Les portes de la Chine sont ouvertes, elles vont s’ouvrir encore plus”, a-t-il promis.

La visite de M. Li en Allemagne est le point de départ de sa deuxième tournée en Europe cette année. Après un passage à Hambourg (nord) pour un forum économique samedi, il doit ensuite se rendre en Russie puis en Italie pour le sommet Asem (Dialogue Asie-Europe) les 16 et 17 octobre.

Le président chinois Xi Jinping était déjà venu en Allemagne en mars. Quant à la chancelière, elle s’est déjà rendue sept fois en Chine, dont la dernière fois en juillet.