Informatique : succès de l’OPA d’Atos sur Bull, qui tourne une page de son histoire

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éveloppé par le constructeur informatique français Bull, le 2 février 2012, à Bruyères-Le Chatel, près de Paris (Photo : Eric Piermont)

[11/08/2014 20:41:56] Paris (AFP) Le succès annoncé lundi de l’Offre publique d’achat amicale lancée par Atos sur Bull fait tourner au dernier constructeur informatique français une nouvelle page de son histoire mouvementée depuis sa création en 1931.

L’Autorité des marchés financiers (AMF) a indiqué qu’à l’issue des ultimes dépôts d’actions (dont la date était fixée au 5 août), la société de services informatiques Atos est susceptible de détenir 84,25% du capital et des droits de vote de Bull.

Atos a également récolté 10.792 obligations à option de conversion et/ou d’échange en actions (océanes) Bull, représentant 18,41% des océanes en circulation.

“La condition de seuil qui était fixée à 50% du capital de Bull plus une action est satisfaite”, ont souligné dans un communiqué commun les deux entreprises.

L’OPA, lancée fin juin, valorise Bull à 620 millions d’euros. L’offre sera rouverte – selon un calendrier qui sera publié “prochainement” – aux mêmes prix de 4,90 euros par action et de 5,55 euros par océane.

Ce rapprochement annoncé fin mai entre Bull et Atos doit donner naissance au numéro un du “cloud computing” (informatique dématérialisée) en Europe. Ils vont former également une entité commune entièrement dédiée à la cybersécurité.

“La satisfaction des conditions de l’offre publique est une étape importante dans notre projet et j’accueille chaleureusement les 9.200 salariés de Bull. Avec eux, Atos entre dans une nouvelle phase avec un positionnement plus fort dans les technologies du +cloud+, de la cybersécurité et du +Big Data+ (gestion d’énormes masses de données)”, a commenté Thierry Breton, PDG d’Atos.

“Nous pouvons démarrer sans plus attendre la phase d’intégration pour procéder au regroupement des opérations et générer les synergies prévues”, a ajouté l’ancien ministre de l’Economie.

Du côté de Bull, son PDG Philippe Vannier s’est également “réjoui de ce résultat”.

– 2e constructeur mondial en 1963 –

“Ce rapprochement va donner naissance à une entreprise de premier plan et une marque informatique de référence en Europe. Le nouveau groupe ainsi constitué devient Numéro 1 du +cloud privé+ en Europe et l’un des principaux leaders dans la cybersécurité et le +Big Data+”, a souligné M. Vannier.

Atos espère tirer de ce rapprochement des synergies de coûts de 80 millions d’euros, dont 30 millions générés par une “accélération” de la mise en ?uvre du plan de transformation “One Bull” engagé par Bull, lancé en janvier et qui doit lui permettre de doubler sa marge opérationnelle (Ebit) en 2017.

L’opération de rachat devrait améliorer dès la première année la rentabilité d’Atos, qui estime son impact relatif à “au moins 10%” après deux ans.

Cette acquisition est la dernière étape d’une saga mouvementée de plus de quatre-vingts ans de l’ex-Compagnie des machines Bull (du nom d’un Norvégien inventeur d’une machine à cartes perforées), qui avait atteint en 1963 le rang de deuxième constructeur informatique mondial et de numéro un européen.

Une crise de croissance et un endettement excessif la jettent cependant en 1964 dans les bras de l’Américain General Electric, et si le groupe bénéficie un temps du Plan Calcul du général de Gaulle, ses pertes ne cessent de s’accumuler au fil des années. L’Etat finit par se désengager de Bull, qui achève sa privatisation en 1997.

S’ensuivent de multiples plans de sauvetage et cessions d’activité. Il faudra attendre le développement de nouvelles activités comme le “cloud”, la cybersécurité, le “Big Data” ou encore les supercalculateurs pour que le groupe redevienne attractif.

Cette OPA a également lieu dans une période de forts mouvements dans le secteur informatique: le 5 août, l’AMF a fait savoir que l’offre publique d’échanges entre les entreprises de services informatiques Sopra et Steria avait réussi. Atos avait d’ailleurs tenté de contrarier ce rapprochement en multipliant les marques d’intérêt envers Steria ces derniers mois.