Tunisie : La bonne tenue de l’agriculture et de l’industrie réjouit la BCT, mais des inquiétudes pour d’autres secteurs

Par : Tallel


bct_tunisie.jpgLa
Banque centrale de Tunisie (BCT) a réuni son Conseil d’administration le mardi5
août 2014 pour examiner les perspectives d’évolution de l’économie mondiale, en
général, et tunisienne, en particulier.

Tout d’abord, le Conseil s’est penché sur les dernières prévisions du Fonds
monétaire international (FMI), publiées à la fin du mois de juillet dernier.
Ainsi, dans son rapport, le FM fait état d’un rythme modéré de la croissance
économique, surtout dans les pays industrialisés, ce qui l’a amené à réviser ses
prévisions de croissance de l’économie mondiale attendue en 2014 de 3,7% à 3,4%,
et ce à cause de la montée des tensions géopolitiques et des risques de hausse
des prix de l’énergie. Ceci dit, le Fonds maintient, pour le moment, ses
prévisions de taux de croissance de 2015 à 4%.

L’agriculture et les mines tiennent le pavé

Sur le plan national, le Conseil noté la bonne tenue des secteurs de
l’agriculture et des mines, mais s’inquiète des facteurs de fragilité qui
persistent dans d’autres secteurs productifs. C’est le cas de la production
industrielle qui s’est contractée au cours du mois d’avril 2014 (-0,1% en
glissement annuel), sous l’effet, surtout, de la baisse de la production des
industries non manufacturières, notamment le secteur de l’énergie.

Idem pour l’activité touristique qui a enregistré un recul de ses principaux
indicateurs au cours du mois de juin dernier (-3,3%, en glissement annuel, pour
les entrées de touristes étrangers et -4,4% pour les nuitées touristiques). Ceci
dit, les dernières données disponibles reflètent une amélioration des recettes
du secteur.

A la lumière de ces évolutions, la BCT révise à la baisse ses prévisions du taux
croissance de l’économie tunisienne à 2,8% pour l’année 2014 et 3,5% en 2015.

Poursuite du creusement du déficit courant

Sur un autre plan, le Conseil note la persistance des tensions au niveau du
secteur extérieur, avec la poursuite du creusement du déficit courant au premier
semestre de l’année en cours, atteignant 5,3% du PIB contre 4,4% sur la même
période de l’an passé. Ce creusement du déficit est dû à la détérioration
continue de la balance commerciale, principalement ses composantes énergétique
et alimentaire.

Cette situation a contribué à la continuité des pressions sur le niveau des
avoirs nets en devises, qui se sont néanmoins consolidés au terme du mois de
juillet écoulé pour atteindre 12,085 milliards de dinars ou l’équivalent de 108
jours d’importation à la date du 31 du même mois contre 106 jours au terme de
2013, grâce aux entrées de fonds au titre de l’émission d’un emprunt obligataire
d’un montant de 500 millions de dollars avec la garantie du gouvernement
américain.

L’inflation ne connaît pas de répit

S’agissant de l’évolution des prix, le Conseil a signalé la tendance haussière
du niveau de l’inflation depuis le mois d’avril dernier, ayant atteint 6% en
glissement annuel au mois de juillet contre 5,7% un mois auparavant, suite
surtout à la hausse des prix des produits alimentaires frais.

Il en est de même pour l’inflation sous-jacente (hors alimentation et énergie)
qui a connu une accélération, se situant à 4,6% contre 4,2% en juin 2014.

A noter les dernières données disponibles présageant une poursuite des tensions
sur les prix surtout avec la période de grande consommation au cours de la
saison estivale et touristique.

Indicateurs positifs des banques…

Le Conseil constate une évolution positive des indicateurs bancaires relatifs à
la consolidation du rythme d’évolution de l’encours des dépôts au premier
semestre de l’année en cours (4,3% contre 2% au cours de la même période de
2013). Il y a également eu amélioration des dépôts à vue et des comptes à terme,
et ce parallèlement à l’affermissement du rythme d’évolution des concours à
l’économie durant la même période (5% contre 3,1% une année auparavant), suite à
la reprise des crédits à court terme et à la consolidation du rythme d’évolution
des crédits à moyen et long termes.

…. mais augmentation des besoins en liquidité

Concernant les évolutions monétaires, le Conseil a noté la persistance des
besoins des banques en liquidité à des niveaux élevés, ce qui a amené la Banque
centrale à intervenir au cours du mois de juillet 2014 afin de réguler le marché
à hauteur de plus de 5,48 MDT contre 5,58 milliards de dinars un mois
auparavant.

Corrélativement, le taux d’intérêt moyen sur ce marché est passé de 4,78% à
4,98% d’un mois à l’autre, outre l’effet de la dernière hausse du taux d’intérêt
directeur.

La dépréciation du dinar se poursuit

Sur le marché des changes, le Conseil a enregistré la poursuite de la
dépréciation du dinar vis-à-vis du dollar au cours du mois de juillet 2014,
atteignant 1,7184 dinar le 31 du mois (-1,8%), avec une stabilité face à l’euro
(2,3031 dinars).

Par rapport au début de l’année, la dépréciation a atteint 1,6% contre l’euro et
4,2% vis-à-vis du dollar, étant signalé que le taux de change du dinar a connu
récemment une évolution positive en relation avec l’amélioration de la liquidité
sur le marché des changes.

A la lumière de ces évolutions, et compte tenu des dernières évolutions
sécuritaires sur le plan intérieur et régional, le Conseil a exprimé son
inquiétude quant à leurs éventuelles répercussions sur la situation économique
et les équilibres financiers globaux, appelant toutes les parties prenantes à
plus de vigilance pour les contenir.

Par conséquent, le Conseil a décidé de maintenir inchangé le taux directeur de
la Banque centrale.