Airbus ferme la porte à toute négociation sur la livraison d’A380 à Skymark

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éroport Haneda de Tokyo, le 30 juillet 2014 (Photo : Kazuhiro Nogi)

[31/07/2014 11:57:54] Tokyo (AFP) La filiale japonaise de l’avionneur européen Airbus a indiqué jeudi à l’AFP que les négociations avec la petite compagnie nippone Skymark au sujet de la livraison de très gros porteurs A380 “étaient terminées”.

“Nous ne négocierons plus au sujet de la livraison, puisque nous avons annulé la commande” de six A380 passée en 2011 par Skymark, a expliqué à l’AFP un porte-parole d’Airbus Japan à Tokyo, ajoutant que l’étape suivante concernait l’exercice des droits et recours contractuels en vue d’un dédommagement.

Airbus avait annoncé mardi avoir informé Skymark Airlines de la résiliation de la commande de six A380, renonçant ainsi à son seul client nippon pour son super-jumbo en raison d’incertitudes sur la solvabilité financière de la compagnie.

Skymark a reconnu jeudi que cet notification était parvenue le 25 juillet, la semaine passée.

“Nous sommes en train d’étudier la façon d’y répondre”, écrit la firme.

Le patron de Skymark, Shinichi Nishikubo, a assuré lui, dans un communiqué publié mardi, que “les négociations allaient durer” dans le but de “trouver avec Airbus une solution en prenant le temps nécessaire”.

Il écrivait aussi que “l’acquisition d’A380 était une question importante pour la compagnie”.

Plus tard en conférence de presse, il avait précisé que Skymark aurait souhaité un compromis en décalant la livraison des deux premiers appareils et reportant sine die celle des quatre autres ou en l’annulant.

Aux dires du PDG de la compagnie, cette dernière a versé une avance de 7 milliards de yens (environ 52 millions d’euros) pour chacun des premiers appareils (déjà presque fabriqués) et de 12 milliards pour les quatre autres. Elle n’a toutefois pas payé en avril une nouvelle échéance de 8 milliards de yens pour le troisième.

– doutes sur la continuité –

“Il y a très peu de chance que les 26 milliards avancés soient remboursés intégralement”, a prévu la compagnie jeudi. Et d’ajouter examiner aussi comment prendre des mesures pour échapper aux dédommagements qu’Airbus exige en s’appuyant sur les droits prévus par le contrat.

La somme réclamée s’élèverait à 70 milliards de yens (plus de 500 millions d’euros) selon M. Nishikubo, 70% du chiffre d’affaires annuel de Skymark. Ce montant qualifié d’exorbitant, “dépasse l’entendement mais vise sans doute à en mettre plein les yeux dans l’optique de négocier”, dit le patron.

Néanmoins, Skymark reconnaît que la compagnie pourrait être obligée de payer cette somme “irrationnelle” et que, le cas échéant, “cela ferait peser un doute sur sa continuité”.

Ce conflit avec Airbus a fait plonger l’action Skymark de plus de 13% deux jours de suite à la Bourse de Tokyo. Jeudi matin, elle s’affichait encore en tendance légèrement baissière (-0,46% à 215 yens).

La compagnie a encore montré après la clôture du marché qu’elle se touvait dans une délicate situation: alors que ses résultats trimestriels devaient être publiés à 15H00, ils ne l’ont été que deux heures plus tard, et partiellement.

Bilan, un résultat net négatif et une perte d’exploitation aggravée pour le premier trimestre de l’exercice 2014-2015.

Il s’agit de comptes non consolidés, a expliqué la compagnie qui a dû ajuster ses calculs jusqu’au dernier moment.

Durant les trois mois passés en revue, le chiffre d’affaires non consolidé de Skymark a fléchi de 1,5% à 18,19 milliards de yens (130 millions d’euros) et sa perte d’exploitation a plus que doublé sur un an à 5,53 milliards de yens.

Quant à son résultat net, qui était déjà mauvais l’an passé à la même période, il s’est nettement dégradé, avec un solde négatif de 5,8 milliards de yens au lieu de 1,2 milliard. Skymark table toutefois toujours sur un petit bénéfice net annuel.

Face à cette situation, la compagnie blâme le renchérissement du prix du kérosène à cause de la baisse du yen ainsi que la concurrence, qui fait que même si le nombre de passagers a augmenté, les revenus afférents, eux, ont baissé.

Le groupe souligne néanmoins que les moyens-porteurs Airbus A330, payés et livrés récemment, eux, rencontrent une grande popularité.