Tunisie : L’IACE se met à l’heure africaine!

Redécouvrant, comme beaucoup de Tunisiens, les racines africaines de la Tunisie, l’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE) (re)entreprend de corriger, un peu, sa ligne de conduite à la lumière de cette «révélation». D’où, la décision du think tank dédié à l’entreprise, comme l’a expliqué Ahmed Bouzguenda, jeudi 5 juin, en ouverture des travaux, de focaliser l’édition 2014 de son Tunis Forum sur l’Afrique.

Bien sûr, ainsi que l’a admis le président de l’IACE, «on s’est réveillé tard» -et il parle-là pour toute la Tunisie en général et l’organisme qu’il préside en particulier. Toutefois, «je peux vous assurer qu’on s’est finalement réveillé», réaffirme-t-il.

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Outre la communauté de racines, d’appartenance géographique et culturelle, ce réveil a, du côté tunisien, des motivations économiques. La Tunisie que la prédominance de l’Europe dans ses échanges commerciaux expose à un «risque systémique», rappelle l’ancien ministre des Finances, Jalloul Ayed, a tout intérêt à diversifier ses relations économiques et commerciales. Et l’Afrique s’impose tout naturellement et pour deux raisons comme partenaire –peut-être «complémentaire» dans un premier temps; certainement central à plus long terme.

La première est que la règle en la matière veut qu’un pays échange d’abord avec son voisinage immédiat et proche. Pour nous, l’immédiat c’est le Maghreb et le proche c’est l’Afrique. La deuxième tient au fait que l’Afrique constitue aujourd’hui, selon le mot d’Ahmed El Karm, «la dernière frontière de l’économie internationale». C’est-à-dire l’endroit de la planète où entreprises et grandes puissances viennent chercher un nouveau moteur pour leur croissance dans les années à venir.

«L’Afrique est le moteur de la croissance mondiale avec un taux de croissance moyen de 7%; un marché de plus d’un milliard de consommateurs et qui sera multiplié par deux d’ici 2050, avec une population jeune d’un âge moyen de 19 ans, tandis que la moyenne dans le monde est de 29 et un taux d’urbanisation de 41% et qui sera de 61,6% en 2050», souligne M. Bouzguenda.

Le réveil à l’Afrique ne sera pas conjoncturel ni anecdotique. Comme on dit en anglais, l’IACE «means business», autrement dit est sérieux –et engagé- dans sa démarche destinée à contribuer à l’élaboration et à la mise en œuvre d’une stratégie africaine pour la Tunisie. Et pour bien le démontrer, l’IACE a, d’abord, pris le temps d’investir –du temps, donc de l’argent- dans une proposition de stratégie baptisée STAR –pour Stratégie Tunisie Afrique Renouvelée- dont les grandes lignes et les -35- recommandations ont été dévoilées lors de Tunis Forum 2014.

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Ensuite, ce think tank a décidé de créer un centre de veille sur les économies africaines affilié à son Centre de veille et d’intelligence économique (CTVIE). Ce centre aura pour mission de suivre les évolutions et la réglementation des économies sub-sahariennes, ainsi que le développement des filières.

Last but not least, l’IACE a pris la résolution de faire revisiter les relations avec l’Afrique par Tunis Forum tous les trois ans. Cette dernière décision mériterait peut-être réflexion et révision. Car trois ans c’est à la fois trop long et trop peu pour aider la Tunisie à réussir son come back africain..