Costa Rica : Bank of America et Intel assènent un coup dur à l’économie

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à San José, en janvier 2014 (Photo : Rodrigo Arangua)

[09/04/2014 10:08:52] San José (AFP) Les deux géants Bank of America et Intel ont dévoilé la suppression de 3.000 emplois au Costa Rica, le groupe bancaire américain annonçant même son départ du pays, un double coup dur pour cette petite économie d’Amérique centrale.

Ces décisions, annoncées mardi, font suite à l’élection dimanche de l’outsider centriste Luis Guillermo Solis en tant que président de ce pays de 4,3 millions d’habitants qui ambitionne de devenir un centre mondial de la haute technologie.

“Certains vont partir, mais d’autres prendront leur place”, a tenté de nuancer la présidente sortante Laura Chinchilla.

Mais la ministre du Commerce extérieur Anabel Gonzalez, qui a pris part aux négociations avec Intel, a expliqué que la présence du géant des micro-processeurs avait favorisé l’implantation de près de 200 multinationales au Costa Rica, pour la plupart des entreprises de haute technologie.

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é de ses partisans le jour du scrutin présidentiel au Costa Rica, le 6 avril 2014 (Photo : Esteban Dato)

“Intel était un repère important dans notre histoire. Cette entreprise a permis de faire connaître le Costa Rica comme un endroit où investir et un endroit pour les entreprises de haute technologie. Leur exemple nous a aidé à devenir un acteur au niveau mondial”, a ajouté Mme Chinchilla.

Intel a indiqué qu’il allait réduire ses activités d’assemblage et de vérification au Costa Rica et supprimer 1.500 emplois. L’entreprise américaine était implantée dans le pays depuis 1998 et y comptait près de 2.700 salariés.

En 2013, les exportations réalisées par Intel représentaient un peu plus de 20% du total des exportations du Costa Rica, bien que la majorité du matériel utilisé pour la fabrication des composants soit importé.

“Nous allons cesser nos activités de fabrication au Costa Rica dans le courant des six prochains mois, c’est-à-dire l’assemblage et la vérification. Cela entraînera la perte d’environ 1.500 emplois”, a confirmé à l’AFP le porte-parole d’Intel Chuck Mulloy.

“Nous restons présents au Costa Rica avec plus de 1.000 employés dans les secteurs de la finance, les technologies de l’information, l’ingénierie et la recherche”, a-t-il rappelé, ajoutant que “200 postes supplémentaires dans ces secteurs pourraient être créés cette année”. “Mais cela doit encore être confirmé”, a-t-il indiqué.

– ‘Clients et fournisseurs en Asie’ –

“Nous devons être plus efficaces et efficients dans notre marché et les activités réalisées au Costa Rica seront transférées dans des unités d’assemblage en Chine, en Malaisie et au Vietnam”, a poursuivi le porte-parole d’Intel.

Une organisation “plus efficace” pour le groupe “puisque la plupart de ses clients et fournisseurs sont en Asie”, a expliqué Anabel Gonzalez.

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élébrant le micro-processeur produit par la filiale locale du géant américain, en 2011 (Photo : Yuri Cortez)

Le géant des puces informatiques avait annoncé mi-janvier son intention de supprimer cette année 5% de ses effectifs mondiaux, soit près de 5.400 postes, alors que ses efforts pour contrer la crise du PC tardent à payer.

Intel a vu son bénéfice net reculer de 13% à 9,6 milliards de dollars l’an dernier, pour un chiffre d’affaires en baisse de 1%, plombé par la crise persistante sur le marché du PC qui constitue un très gros débouché pour ses produits.

Quelques heures à peine après l’annonce d’Intel, Bank of America annonçait de son côté qu’elle mettait un terme à ses activités au Costa Rica, où elle emploie 1.400 personnes.

L’entreprise a précisé que la fermeture de son centre serait menée à bien au cours des neuf à 12 prochains mois afin de concentrer ses opérations dans d’autres pays.

“A l’issue d’analyses continues (de nos activités), nous allons fermer nos centres technologiques et d’opérations à San Jose au Costa Rica”, a-t-elle indiqué dans un communiqué.

La directrice de l’agence nationale de promotion des investissements Gabriela Llobet s’est dite surprise par cette annonce, tout en affirmant ne pas croire qu’elle soit liée au résultat de l’élection présidentielle. “C’est juste une mauvaise coïncidence”, a-t-elle jugé.

Laura Chinchilla a affirmé de son côté qu’il y aurait bientôt de nouvelles implantations d’entreprises au Costa Rica, sans indiquer si elles interviendraient avant qu’elle ne laisse sa place à Luis Guillermo Solis le 8 mai.

L’économie du Costa Rica, qui comprend un large secteur touristique, a affiché une croissance de 5,1% en 2012, selon les données publiées par la Banque Mondiale.