Japon : frémissement des prix mais la déflation persiste

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à Tokyo le 16 août 2010 (Photo : Kazuhiro Nogi)

[26/07/2013 06:13:55] Tokyo (AFP) Les prix à la consommation ont légèrement augmenté au Japon en juin et semblé apporter de l’eau au moulin du gouvernement Abe, mais l’inflation des tarifs énergétiques pourrait nuire au pouvoir d’achat des ménages.

Les prix au détail, hors ceux des produits périssables, ont grimpé de 0,4% en juin sur un an, leur première hausse depuis avril 2012, a annoncé vendredi le ministère des Affaires intérieures. Cette statistique n’avait pas augmenté aussi vigoureusement depuis la fin 2008.

Le gouvernement a noté ce bon signe pour la politique du Premier ministre conservateur Shinzo Abe, lequel a fait de la lutte contre la déflation qui sévit depuis une quinzaine d’années une priorité depuis son retour au pouvoir en décembre.

“Les mouvements des prix indiquent globalement un apaisement de la déflation”, s’est félicité le porte-parole du gouvernement, Yoshihide Suga, lors d’une conférence de presse.

La déflation constitue en effet une entrave à la croissance de la troisième puissance économique mondiale, car elle dissuade les entreprises d’investir et pousse les consommateurs à reporter leurs achats pour bénéficier de meilleurs tarifs.

M. Suga a toutefois aussitôt ajouté qu’une bonne part de la progression des prix provenait d’une augmentation des tarifs de l’énergie, notamment ceux de l’électricité (+9,8%).

Les compagnies d’électricité répercutent en effet sur les consommateurs le gonflement de leur facture énergétique, provoquée par la hausse des devises étrangères face au yen.

Ce renchérissement des hydrocarbures importés est d’autant plus pesant que ces compagnies sont privées de la quasi totalité de leurs réacteurs nucléaires, arrêtés par précaution après l’accident de Fukushima de mars 2011.

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à Singapour le 26 juillet 2013 (Photo : Roslan Rahman)

Hormis le courant, les prix du gaz ont aussi progressé (+2,8%), tout comme ceux de l’essence (+6,4%), faisant reconnaître au porte-parole du gouvernement l’urgence de hausses de salaires pour éviter toute diminution du pouvoir d’achat des ménages.

M. Suga a toutefois noté aussi une certaine accalmie de la guerre tarifaire que se livrent les fabricants et détaillants sur certaines gammes de produits grand public, une des causes importantes de la déflation.

En juin, les prix dans l’électroménager ont encore reculé (-13,4%), tout comme dans l’électronique grand public (-3,5%), mais de façon légèrement moins sensible que lors des mois précédents.

“Les premiers chiffres d’inflation depuis plus d’un an reflètent clairement la dépréciation du yen”, a cependant tranché Marcel Thieliant, du centre de recherche Capital Economics. “A part l’alimentation et l’énergie, qui sont importées, l’évolution des prix reste négative et devrait le rester pour un moment”, prévient-il.

La Banque du Japon (BoJ) vise pourtant une inflation de 2% d’ici à deux ans et a pour y parvenir considérablement assoupli sa politique monétaire en avril, sous la pression de M. Abe.

La BoJ a nettement élevé ses achats d’actifs financiers (dont majoritairement des obligations d’Etat) pour doubler en deux ans la base monétaire (l’argent liquide et les réserves obligatoires des banques). Elle espère ainsi inciter entreprises et particuliers à emprunter, investir et consommer, le tout pour enclencher un cycle vertueux de hausse modérée des prix à même de doper la croissance.

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ères, à Tokyo, le 1er juillet 2013 (Photo : Yoshikazu Tsuno)

“Il est difficile de conclure que la hausse des prix globale est due aux Abenomics”, la politique de relance du Premier ministre qui englobe cet assouplissement monétaire, a résumé Masahiko Hashimoto, économiste à l’Institut de recherche Daiwa.

Il a souligné que la hausse des tarifs de l’énergie constituait un facteur “défavorable” pour les consommateurs.

“Une bonne inflation intervient lorsque les prix augmentent en accompagnant la croissance. Il y a peut-être un frémissement de ce côté mais il est difficile d’en juger aujourd’hui”, a-t-il souligné en évoquant les prix des biens durables.

L’indice des prix à la consommation dans la région de Tokyo, considéré comme un indicateur avancé de l’évolution des prix dans le reste du Japon, a progressé de son côté de 0,3% en juillet sur un an, hors tarifs des produits périssables, a précisé le ministère.