Japon : Tokyo lit des signes positifs dans des statistiques disparates

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à Tokyo (Photo : Toru Yamanaka)

[28/06/2013 06:50:49] Tokyo (AFP) Le gouvernement japonais s’est réjoui vendredi d’une déflation moins visible, d’un taux de chômage stable et d’une hausse de la production industrielle en mai, mais d’autres indicateurs, moins glorieux, exigent la prudence.

Hors ceux des produits périssables, les prix sont restés stables sur un an (+/-0,0%), selon les statistiques publiées par le ministère des Affaires intérieures.

“Les tarifs progressent sur la voie de la sortie de la déflation”, s’est immédiatement emballé le ministre de la Revitalisation économique, Akira Amari.

Son collègue des Finances, Taro Aso, a été un peu plus nuancé, en indiquant que certes “la taille de la déflation diminue” mais il ne sera “pas facile de la renverser”.

Une lecture plus détaillée des données montre en effet que, même si le Premier ministre Shinzo Abe veut à tout prix vaincre la dégringolade des étiquettes – une plaie qui mine l’économie nippone depuis une quinzaine d’années -, les chiffres négatifs font de la résistance.

Tout compris (produits frais inclus), l’indice des prix a affiché un repli de 0,3%.

Quant à la réduction de l’ampleur de la baisse, elle n’est pas du tout liée à une demande plus soutenue, mais imputable à l’augmentation des tarifs du gaz et de l’électricité, à cause des surcoûts auxquels font face les compagnies électriques, privées de réacteurs nucléaires. La preuve: en excluant l’alimentation et l’énergie, les prix au détail ont baissé de 0,4%.

Puisque l’énergie est importée, “ses tarifs sont augmentés par le repli du yen”, rappelle en outre Yasuo Yamamoto, analyste de Mizuho Research.

En revanche, les prix ont continué de reculer dans l’alimentation et plus encore dans l’électronique/électroménager. La concurrence dans ces domaines est telle que les fabricants, qui proposent tous grosso modo les mêmes produits, se battent sur les prix et que les chaînes de grande distribution amplifient le phénomène.

Cette guerre tarifaire est censée attirer les clients, mais elle pousse aussi une partie d’entre eux à attendre encore plus dans l’espoir que les prix continuent de refluer.

La consommation des ménages a d’ailleurs baissé de 1,6% en moyenne en mai, même si les ventes au détail dans les boutiques ont, elles, augmenté de 0,8%. Explication: les foyers japonais ne représentent pas toute la clientèle.

Du coup, personne, à commencer par le grand argentier Taro Aso, n’imagine corriger en six mois ce qui dure depuis plus de 15 ans, même avec la meilleure volonté d’un Premier ministre autoritaire flanqué d’un banquier central aux ordres.

Une chose est sûre: l’ambiance générale est meilleure. Dans les dernières enquêtes de confiance, les consommateurs affichent un plus grand optimisme, essentiellement pour l’emploi, sentiment que devrait renforcer le maintien du taux de chômage intégral à 4,1% en mai, stable depuis mars et au plus bas depuis plus de quatre ans et demi.

On dénombrait le mois dernier 2,7 millions de chômeurs (en données corrigées des variations saisonnières), et 90 offres d’embauche pour 100 demandes, un ratio qui évolue dans le bon sens.

De surcroît, la production industrielle a augmenté de 2,0% en mai sur un mois, selon les chiffres préliminaires.

C’est la quatrième hausse mensuelle consécutive, la plus importante depuis juin 2011 si l’on exclut celle, de 2% également, en décembre de la même année.

“Ce sont les effets de la baisse du yen” de nature à faciliter les exportations, donc la production au Japon, assure M. Yamamoto.

Les mesures d’assouplissement monétaire prises par la banque centrale (BoJ), à la demande de M. Abe, ont indéniablement provoqué une chute de la monnaie japonaise qui rend les produits nippons plus compétitifs sur les marchés extérieurs.

En mai, ce sont les turbines et chaudières qui en ont profité et ont électrisé les statistiques. “Il n’est pas sûr que ce sera le cas en juin, mais de façon générale la tendance est bonne”, indique M. Yamamoto.

La production industrielle est toutefois très liée à la conjoncture extérieure, par essence difficile à anticiper, ce qui pousse les entrepreneurs à être très prudents.

Les milieux d’affaires sont néanmoins globalement plus confiants depuis le retour au pouvoir en décembre du Parti Libéral-Démocrate (PLD), emmené par un Shinzo Abe qui n’hésite pas à jouer les représentants de commerce à l’étranger. L’enquête trimestrielle sur le “sentiment à court terme” (“Tankan”) de la banque du Japon devrait prouver lundi ce regain de moral des patrons.