La Fnac va entrer en Bourse jeudi sur fond d’inquiétudes pour l’emploi

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à Paris (Photo : Miguel Medina)

[17/06/2013 16:12:26] PARIS (AFP) Un nuage sombre a obscurci lundi l’horizon des salariés de la Fnac, à trois jours de la mise en Bourse de leur groupe: la direction a dû démentir un projet de 600 nouvelles suppressions de postes évoqué dans la presse, sans parvenir à dissiper les craintes pour l’emploi.

Un dirigeant de la Fnac cité par le quotidien Le Parisien évoque deux plans, l’un baptisé “Mars” qui affecterait 289 disquaires et l’autre, “Phoenix”, qui concernerait tous les métiers du groupe (caissiers, libraires, techniciens…) mais uniquement dans les dix magasins parisiens.

Le distributeur de produits culturels, qui fait face à un bouleversement de ses marchés provoqué par le montée en puissance du commerce en ligne, a catégoriquement démenti ces suppressions d’emploi.

Mais il a évoqué des négociations engagées depuis 18 mois avec les partenaires sociaux sur “l’adaptation des effectifs sur le marché du disque” et qui pourraient aboutir à la suppression de postes de disquaires.

Toutefois, “en aucun cas” cette réflexion ne concerne 289 postes. “On est bien en-deçà d’un tel chiffre”, a dit un porte-parole à l’AFP, en affirmant qu’il n’y aurait “pas forcément un plan social.”

La Fnac a déjà supprimé récemment 510 postes dont 310 en France dans le cadre d’un plan d’économies de 80 millions d’euros annoncé début 2012.

La filiale de Kering (anciennement PPR), qui va gagner son indépendance mardi lors de l’assemblée générale du groupe, compte désormais 16.648 salariés dans le monde dans 170 magasins, parmi lesquels 10.555 salariés en France dans 103 magasins (16 en franchise).

Ses ventes (4,06 milliards d’euros en 2012) et sa rentabilité ont flanché ces dernières années. Et sa perte nette a plus que quadruplé en 2012 à 141,7 millions d’euros (28,2 millions en 2011).

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à Paris (Photo : Joel Saget)

Le directeur financier Matthieu Malige, interrogé par l’AFP, relativise, expliquant que cette perte inclut une dépréciation de plus de 93 millions d’euros en vue de la cotation en Bourse (liée à un “goodwill historique” qui remonte à l’acquisition de la Fnac par PPR en 1994), mais aussi 37 millions d’euros de charges de restructuration et 26 millions de charges exceptionnelles.

La Fnac est rentable, martèle M. Malige. Elle affiche un résultat opérationnel de 73,3 millions d’euros en 2012 avant rémunération de sa maison-mère, selon le prospectus boursier.

Mais, concède le directeur financier, il faut continuer à réduire les coûts face à “la crise conjoncturelle économique forte” et aux “problèmes structurels sur certains de nos marchés”.

Les atouts d’une Fnac indépendante

Dans son prospectus, la Fnac souligne avoir économisé 60 millions d’euros en 2012, “soit environ 80 millions d’euros d’économies en année pleine” et affirme vouloir “poursuivre cette politique avec la même ampleur sur la période 2013-2014”.

Comment ? “Nous travaillons sur différentes pistes et pour l’instant aucune n’est arrêtée. Cela va de la poursuite de la renégociation de nos baux à la réduction de nos frais informatiques, à nos systèmes de livraison des magasins, etc”, assure M. Malige.

Les syndicats, sollicités par l’AFP, indiquent ne pas avoir été informés de possibles suppressions de postes. Mais Thierry Lizé (FO) croit “complètement” aux informations du Parisien et se dit “scandalisé” que les partenaires sociaux soient ainsi “mis hors du coup”.

En attendant, PPR, recentré sur le luxe et l’habillement sportif plus rentables que la distribution, devient officiellement “Kering” mardi et, faute d’avoir réussi à vendre la Fnac, s’en défait en la mettant en Bourse.

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écoute de la musique dans une enseigne de la Fnac, le 27 novembre 2012 à Paris (Photo : Miguel Medina)

Kering va distribuer gratuitement à ses actionnaires actuels une action Fnac pour chaque paquet de 8 actions Kering qu’ils détiennent.

“Nous abordons avec sérénité notre indépendance car la Fnac possède un certain nombre d’atouts”, a dit à l’AFP M. Malige. Et ce citer “sa marque, son portefeuille de clients, ses 5 millions d’adhérents, son réseau de magasins, son site internet…”, mais aussi “une trésorerie solide avec 400 millions d’euros au 1er janvier, donc aucune dette”.

Kering n’a donc pas chargé la barque de la Fnac, au contraire.

“Nous aurons la présence d’Artémis (la holding de la famille Pinault qui contrôle Kering, ndlr) comme actionnaire de référence puisqu’elle va conserver ses parts à hauteur de 39% les deux premières années et d’au moins 25% la troisième”, dit M. Malige. C’est “un atout” selon lui.

“On pense que c’est un bon moment pour les investisseurs pour rejoindre la Fnac: on a un plan stratégique qui commence à porter ses fruits, on gagne des parts de marché, notre profil financier a évolué positivement l’an dernier et il y a un paysage concurrentiel favorable”, estime-t-il.

La Fnac juge avoir pris avec succès le virage de l’e-commerce, contrairement à son grand concurrent Virgin, dont la liquidation judiciaire a été prononcée lundi.