Printemps arabe : Le long et caillouteux chemin de la transition (1/2)


printemps_arabe-29042012-art.jpgToutes
les transitions se ressemblent, plus ou moins. Selon une récente étude du Fonds
monétaire international (The Economics of Political Transitions : implications
for the Arab Spring), les pays faisant l’expérience d’un passage d’une situation
politique à une autre et d’un régime à un autre –phase caractérisée, selon les
auteurs (Padamja Khandelwal et Augustin Roitman), par «une intense instabilité
politique se manifestant par des changements de gouvernement et une grande
perturbation sociale»- connaissent des développements similaires.

L’étude a porté sur un échantillon de onze pays dont les crises politiques se
sont déroulées entre le début des années 80 et la fin des années 2000 : Albanie
(1997-1998), Honduras (2009-2010), Corée (1980-81), Madagascar (2002), Myanmar
(1988-90), Paraguay (1999-2003), Philippines (1983-87), Afrique du Sud
(1990-94), et Togo (1991-93).

La comparaison a porté sur l’évolution de 5 facteurs: production, consommation
et investissement, fiscalité, balance extérieure et réserves de devises, taux de
change et inflation.

La première conclusion de l’étude est que les pays passés par une phase
d’instabilité
politique ont subi une chute «statistiquement significative» de
leur produit intérieur brut (PIB) durant l’année de l’évènement politique, avec
des baisses de production allant de 1 à 7%. En moyenne, «la production est
restée en dessous du potentiel pendant quatre ans après la chute initiale, et sa
reprise a nécessité près de cinq ans».

Le taux de croissance de l’économie a également suivi la même tendance.

A l’inverse et en conséquence, le taux de chômage augmente pendant la période
d’instabilité dans les pays de l’échantillon de 1 à 1,5% en moyenne durant les
deux premières années suivant le début de la crise et son retour au niveau ante
nécessite entre 4 et 5 ans.

Quid des pays arabes en transition ?

Tous ces phénomènes ont été enregistrés à des degrés divers dans les Pays arabes
en transition (PAT).

Deuxième constat: la consommation privée baisse très légèrement et la
consommation publique se maintient durant les épisodes passés d’instabilité
politique. Les investissements, tant publics que privés, baissent très
fortement, de 10 à 40%. Leur taux de croissance moyen reste modeste pendant
plusieurs années et ils ne retrouvent leur niveau d’avant crise qu’au bout de 5
ans.

Dans les PAT, consommations privée et publique sont restées relativement
résilientes, en particulier en Jordanie et au Maroc. L’investissement public a
baissé de plus de 10%, notamment en Egypte et au Yémen, contre une plus légère
progression en Jordanie et au Maroc. L’investissement privé a lui aussi baissé.

Troisième constat: la situation budgétaire subit elle aussi le contrecoup de
l’instabilité politique. La balance fiscale se détériore ainsi de 1% du PIB
pendant la première année et de 1,75% durant les deux années suivantes. Le
déficit budgétaire est causé par des revenus plus faibles et une augmentation
des dépenses et ne revient à son niveau d’avant crise qu’au bout de quatre ans.
La détérioration de l’équilibre budgétaire et la baisse du PIB ont un impact
négatif sur la dette publique.

Malheureusement pour eux, il ressort de la comparaison que les PAT sont entrés
dans la phase d’instabilité avec un déficit budgétaire plus élevé que pour les
pays des précédentes transitions. Ceci est le résultat de dépenses publiques
sensiblement plus élevées chez les PAT (en pourcentage du PIB), malgré des
revenus qui étaient aussi quelque peu plus élevés.

(A suivre)