Pertes géantes chez JP Morgan : des dirigeants sur le grill au Congrès

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ège de JPMorgan Chase à New York (Photo : Spencer Platt)

[15/03/2013 21:30:13] WASHINGTON (AFP) D’anciens et actuels dirigeants de JPMorgan Chase ont répondu aux questions d’un panel de sénateurs américains vendredi, admettant une chaîne d’erreurs ayant mené aux pertes gigantesques de la banque dans l’affaire de la “baleine de Londres”, mais niant avoir menti.

Jeudi, un rapport de la sous-commission permanente d’enquêtes du Sénat accusait la banque et ses dirigeants d’avoir sciemment trompé les investisseurs et les régulateurs sur l’ampleur et les risques de paris osés qui ont entraîné six milliards de dollars de pertes pour JPMorgan l’an dernier.

Vendredi, lors d’une audition marathon de plus de cinq heures devant cette sous-commission, plusieurs anciens dirigeants, dont Ina Drew, ex-patronne du CIO, l’unité d’investissements en propre de la banque où ont eu lieu les paris risqués, ont témoigné devant cette sous-commission.

“Clairement, des erreurs ont été faites”, “je n’ai toujours pas toutes les réponses” pour les expliquer, “le fait que ces erreurs aient eu lieu sous ma responsabilité est l’une des parties les plus décevantes et difficiles de ma carrière”, a déclaré en guise d’introduction Mme Drew, licenciée de la banque depuis les faits.

Le jeu des questions et réponses a dessiné une chaîne d’erreurs.

“Premièrement, la supervision de l’équipe de courtage a échoué, puis la deuxième ligne de défense, la gestion du risque, n’a également pas fonctionné”, a déploré l’actuel directeur du risque, Ashley Bacon.

L’ex-directeur financier Doug Braunstein, toujours membre du Conseil d’administration, a déploré des erreurs commises par “le CIO, la gestion du risque, les hauts dirigeants de la banque”, affirmant que des mesures avaient été prises pour les corriger, dont des licenciements et des réductions de rémunération.

Mme Drew a jugé “décevant” que l’équipe de gestion du risque “indépendante” de la banque, qui comportait des membres “dotés de doctorats”, n’ait pas été en mesure d’enrayer les pertes sur les paris risqués du CIO dans les dérivés de crédit, présentés comme des investissements pour couvrir d’autres risques.

L’un des dirigeants du panel, Carl Levin, a accusé le PDG de JPMorgan Chase, Jamie Dimon, d’avoir décrit le portefeuille d’actifs en cause comme visant à “couvrir certains risques” de la banque alors qu’en réalité “il ne fonctionnait pas ainsi”.

Alors que le rapport des sénateurs déplore des régulateurs “endormis au volant”, Ashley Bacon, actuel directeur du risque, a reconnu que certains produits financiers sont si complexes que les banquiers eux-mêmes ont du mal à “les comprendre”, ce qui rend “très difficile pour (les régulateurs) d’en comprendre le détail”.

L’un des dirigeants de la sous-commission, le sénateur Carl Levin, a estimé que l’affaire a “démontré comment des dérivés de crédits achetés en quantités massives (…) peuvent se transformer en trains fous qui enfoncent toutes les limites de risques” des banques.

Les dirigeants interrogés ont dit qu’à l’époque des faits, selon les informations dont ils disposaient, ils avaient agi de bonne foi.

Mme Dew a rappelé que deux des cadres du CIO sous sa responsabilité hiérarchiques avaient toutefois volontairement maquillé les pertes pour les diminuer.

Le sénateur républicain John McCain a aussi accusé JPMorgan d’avoir enfreint la réglementation bancaire en omettant pendant 15 jours de donner des chiffres sur son bilan à son régulateur, l’OCC, dont un représentant a participé au panel et fustigé “la culture et les procédures” de la banque.