Dixième année de crise pour le marché du disque en France en 2012

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à Cannes lors du MIDEM (Photo : Valery Hache)

[28/01/2013 15:49:25] CANNES (AFP) Le marché du disque a connu sa dixième année de crise en France en 2012, ont annoncé lundi au Midem les producteurs de musique, qui demandent aux pouvoirs publics de les aider à récupérer auprès des géants du net une partie de la valeur perdue.

Le marché de la musique enregistrée s’est à nouveau replié de 4,4% l’année dernière, à 589,7 millions d’euros, a annoncé le Snep, le principal syndicat de producteurs de disques dans le cadre du rendez-vous annuel de l’industrie musicale.

Reflet de la crise, le nombre d’albums commercialisés par les quatre majors du disque (Universal, Sony, Warner et EMI) a reculé de 3% en 2012. Et si quatre-vingt-treize nouveaux artistes ont signé avec ces labels, 62 contrats ont pris fin.

Les ventes physiques (CD et DVD) ont une nouvelle fois connu une “mauvaise année”, avec une chute de 11,9% à 363,7 millions d’euros, tandis que les ventes numériques (téléchargement, streaming) ont bondi de 13%, à 125 millions d’euros.

Le numérique représente un quart des ventes de musique et constitue “désormais un véritable relais de croissance pour notre industrie”, a souligné le directeur général du Snep David El Sayegh.

“L’appétence pour la musique en ligne existe, l’audience existe, la difficulté c’est de transformer ça en marché”, a estimé M. El Sayegh soulignant que, selon un sondage commandé par le Snep, “93% des jeunes consomment de la musique sur internet, dont 82% en streaming”.

Prêts au rapport de force

“Aujourd’hui, les intermédiaires techniques bénéficient d’un véritable transfert de valeur. C’est pourquoi on souhaite que le politique s’empare de cette question. Nous réclamons une rémunération compensatoire de la part des moteurs de recherche, mais aussi des hébergeurs, des fabricants”, a-t-il déclaré, martelant le message répété depuis plusieurs jours par la filière musicale

Dimanche, la ministre de la Culture Aurélie Filippetti a affiché sa volonté de faire participer les acteurs de l’internet au financement de la création, mais a renvoyé la question des moyens à la mission Lescure sur l”Acte II de l’exception culturelle”, qui doit rendre ses conclusions fin mars.

“Le sentiment qu’on a c’est que le temps du politique n’est pas le temps de la réalité. Ca fait deux-trois ans qu’on passe beaucoup de temps au ministère dans des concertations et pour le moment rien n’en est sorti”, a déploré le Pdg d’Universal France, Pascal Nègre.

Alors que les éditeurs de presse ont engagé de difficiles négociations afin d’obtenir une taxe Google, les producteurs de disque se sont dits prêts au rapport de force avec les géants de l’internet.

“Si YouTube (filiale de Google, ndlr) arrête de diffuser de la publicité avec les vidéos, on demandera à YouTube d’enlever l’ensemble de nos clips”, a affirmé M. Nègre parlant au nom d’Universal France.

“Ce serait le cas de l’ensemble des producteurs français”, a ajouté Stéphane Le Tavernier, Pdg de Sony France et président du Snep.

YouTube France pratique en effet déjà ce genre de pression –la suppression de la publicité– dans le cadre de ses négociations actuelles avec la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem).

Le Snep est également revenu sur l’avenir d’Hadopi, autre sujet entrant dans le champ de la mission Lescure.

“Il est hors de question de brader la réponse graduée dans toutes ses composantes, préventives et répressives”, a affirmé M. El Sayegh.

“Il faut aussi s’intéresser à la contrefaçon commerciale. Le déférencement (des sites illégaux par les moteurs de recherche, ndlr) est devenu notre problématique. Mais la question de la contrefaçon peut aussi concerner les régies publicitaires (qui placent des annonces sur ces sites, ndlr) ou les services de paiement, type Paypal. Cela pourrait être le rôle d’une autorité administrative modifiée”, a-t-il estimé.