Chine : le site internet d’une revue réformiste fermé

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à Pékin, le 4 janvier 2013

[04/01/2013 09:12:04] PEKIN (AFP) Une revue chinoise prônant une ouverture politique a vu son site internet fermé vendredi après avoir appelé les dirigeants communistes du pays au respect de la constitution et des libertés fondamentales qu’elle est censée garantir.

Le site de Tanhuang Chunqiu (“Les annales de l’empereur jaune”) a fait l’objet d’une décision administrative après un article arguant que la constitution de la République populaire, qui date de 1982, est une feuille de route pour les changements politiques à venir en Chine.

“Le site internet que vous visitez a été fermé parce qu’il n’est pas enregistré” auprès des autorités, est le message sur lequel tombent désormais les internautes essayant d’accéder à la version en ligne de la revue, assorti du dessin d’un policier brandissant son badge.

La constitution chinoise garantit en principe les libertés de parole, d’organisation et de presse, mais celles-ci sont foulées aux pieds par le régime communiste, qui considère notamment les médias comme “la langue et la gorge du Parti”.

Selon un message de Tanhuang Chunqiu posté sur le service de micro-blogging Sina Weibo, l’équivalent chinois de Twitter, les responsables de la revue ont reçu en décembre une notification du ministère de l’Industrie et des technologies de l’information selon laquelle le site internet a été “supprimé”.

Le ministère n’a pas immédiatement répondu aux questions de l’AFP à ce sujet.

Cette fermeture suit la censure d’un éditorial de début d’année de l’hebdomadaire Nanfang Zhoumo (Southern Weekend), dont la version originale appelait à la réalisation “du rêve du constitutionnalisme” en Chine, pour que les droits des citoyens puissent être protégés.

Un responsable de la propagande de la province méridionale du Guangdong, où cette publication est basée, a remplacé l’article par un autre au message très édulcoré, selon des journalistes actuellement en poste et d’anciens collaborateurs de l’hebdomadaire.

Ce cadre, Tuo Zhen, “a diligenté beaucoup de modifications et de remplacements dans l’édition spéciale du Nouvel an, avec pour conséquence de nombreuses erreurs”, selon une lettre ouverte publiée en ligne par ces journalistes.

En Chine, tous les médias dépendent des départements de la propagande qui censurent régulièrement les contenus jugés “négatifs” par le Parti communiste.

La Chine a été classée pour l’année 2011-12 par Reporters sans frontières au 174e rang sur 179 pour le respect de la liberté de la presse, perdant trois places par rapport à l’année précédente.