Slush ou le dur marathon des start-ups en quête de financement

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Un homme pianote sur son smartphone (Photo : John Moore)

[22/11/2012 20:04:00] HELSINKI (AFP) Il est pile 10h00 au Cable Factory d’Helsinki et pour Yan Shtefanets, étudiant russe de 23 ans, les deux minutes qui suivent sont capitales: il lui faut décrocher un premier financement pour son projet de start-up.

Pendant deux jours, mercredi et jeudi, la conférence Slush a réuni plusieurs centaines d’investisseurs et de start-up d’Europe du nord venus défendre leurs projets dans un véritable marathon technologique.

Durant ces deux minutes, Yan est seul sur une petite estrade à défendre son idée auprès d’un jury de trois personnes, investisseurs dans les hautes technologies ou coach d’entreprises.

“Mon application pour smartphone permet à ses utilisateurs de localiser des événements cools, près de chez eux”, explique Yan Shtefanets, stressé, le regard perdu entre le jury et la salle où se presse une centaine de personnes, investisseurs, journalistes ou candidats qui attendent leur tour.

“Comment sais-tu qu’un événement est cool ? Où gagnes-tu de l’argent dans ton projet ?”, lui demande sèchement Tuomas Kosonen, partenaire de la société d’investissement Inventure et membre du jury.

Bombardé de questions, le jeune Russe perd les pédales, bredouille des réponses. Les deux minutes sont écoulées. Recalé, il quitte l’estrade, son pari perdu.

Dans le centre culturel d’Helsinki, investisseurs en costume strict côtoient les entrepreneurs en herbe souvent reconnaissables à leurs sweats à capuche chers aux fans de haute technologie, issus de la Silicon Valley californienne.

Slush est une compétition organisée en trois catégories, un peu comme pour la boxe: poids légers, poids moyens, poids lourds, avec des éliminatoires en série, une sorte de Star Academy technologique.

Les start-ups sont classées selon leur nombre d’employés (6, 20 ou 50 personnes) et leurs besoins de financements (100.000 euros, 500.000, 10 millions).

Pour le “poids léger” Yan Shtefanets, arrivé le matin même après un épuisant voyage en bus depuis Saint-Pétersbourg c’est la déception: “J’aurais dû me préparer encore plus. Deux minutes, c’est vraiment très court”.

Sur les cent candidats au départ dans cette catégorie, trois finalistes seulement décrocheront un financement.

Tout au long de la journée, les candidats enchaînent les présentations. Plusieurs d’entre eux proposent de localiser, grâce à un smartphone, la meilleure bière d’une ville donnée. Les jurés soupirent d’ennui devant certains, puis, sans crier gare, s’enthousiasment. ShareTribe, une application permettant à une communauté de se prêter des objets en toute confiance, a ainsi eu droit aux applaudissements du jury.

“Nous cherchons des gens extravertis, capables de vendre leur produit avec simplicité”, explique Maria Sipila, membre du jury et coach d’entreprises.

A 16h00, alors qu’une soixantaine de candidats ont déjà tenté leur chance, Florent Quinti, jeune co-fondateur d’une start-up française, Oleapark, monte sur scène. Ses cheveux ébouriffés et son fort accent réveillent l’auditoire. Il déroule alors son projet d’application: permettre, en utilisant les réseaux sociaux, de localiser les personnes que l’on veut rencontrer, lors d’un congrès par exemple. Il est éliminé.

“Ce n’est pas grave. J’ai participé à beaucoup d’événements de ce type à l’étranger. Le but, c’est de se faire connaître”, dit-il.

Se faire connaître, c’est aussi l’objectif de Kalle Määttä, un trentenaire finlandais dont la start-up, Fluid Interaction, est inscrite dans une autre catégorie, celle des “poids moyens”.

“Ma stratégie avec les investisseurs est de les faire rire”, confie-t-il. “Si la personne a passé un bon moment, elle dira +j’ai pas compris son projet, mais on pourrait à nouveau se rencontrer+”, pense-t-il. Il a créé l’application Twheel qui permet de changer le mode de présentation de l’information sur le site Twitter.

Pour les recalés de la compétition des “poids légers”, rien n’est perdu. “Revenez l’année prochaine, et tentez à nouveau votre chance. N’abandonnez pas!”, insiste Maria Sipila, à la fin de la journée de sélection.