Les grands argentiers chinois boudent le FMI à Tokyo sur fond de querelle sino-japonaise

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à Washington (Photo : Saul Loeb)

[10/10/2012 06:23:53] TOKYO (AFP) Le gouverneur de la banque centrale et le ministre des finances chinois ne participeront pas au sommet annuel du FMI et de la Banque mondiale à Tokyo, en plein conflit territorial et diplomatique entre la Chine et le Japon, selon le FMI et des informations de la presse.

Même si Pékin n’a pas donné d’explication officielle à cette annulation au dernier moment, il semble que ce soit un nouveau geste de mauvaise humeur à l’égard du Japon à propos du conflit sur les îles Senkaku en mer de Chine orientale, que la Chine revendique vigoureusement sous le nom de Diaoyu.

Cet archipel est situé à environ 200 km à l’est des côtes de Taïwan, qui le revendique également, et à 400 km à l’ouest de l’île d’Okinawa (sud du Japon).

“Il y a deux jours, nous avons été informés que l’agenda du gouverneur Zhou Xiaochuan pourrait l’empêcher de tenir un discours à Tokyo” prévu dimanche, a expliqué à l’AFP un porte-parole du Fonds monétaire international. “Il vient de nous être confirmé que son adjoint, Yi Gang, le représenterait”.

L’absence de Zhou Xiaochuan est d’autant plus inattendue qu’il devait prononcer dimanche le discours de clôture de l’assemblée annuelle du FMI et de la Banque mondiale dans un grand hôtel de Tokyo.

Un officiel de la banque centrale a pour sa part confirmé à l’AFP que M. Zhou n’irait pas à Tokyo: “il a un agenda serré, il n’a pas le temps”.

Quant au ministre des finances Xie Xuren, Pékin n’a fait aucune annonce officielle mais l’agence officielle Xinhua a indiqué mardi que la délégation chinoise au sommet du FMI et de la Banque mondiale serait “dirigée par Yi Gang, vice-gouverneur de la Banque (centrale chinoise) et Zhu Guangyao, vice-ministre des finances”.

De son côté l’agence de presse japonaise Kyodo s’appuyait mercredi sur une source officielle chinoise pour annoncer que le ministre chinois des Finances avait annulé sa venue, une information non confirmée par le porte-parole du FMI.

La semaine dernière, après l’annonce par plusieurs banques privées chinoises qu’elles comptaient réduire ou carrément annuler leur participation aux réunions de Tokyo, les autorités japonaises avaient pourtant assuré que les officiels chinois viendraient bien comme prévu.

Le porte-parole du gouvernement japonais, Osamu Fujimura, a exprimé mercredi matin la “déception” japonaise: “la réunion de Tokyo est importante. Nous regretterions vraiment beaucoup si les autorités (chinoises) n’y participent pas”.

“Etant donné l’importance des échanges économiques entre la Chine et le Japon, notre pays va continuer à essayer de communiquer avec la Chine”, a-t-il poursuivi.

Le conflit territorial n’a fait que s’aggraver depuis la nationalisation début septembre par Tokyo des îles Senkaku, jusque-là propriété d’une famille japonaise.

Cette décision a provoqué d’importantes et parfois violentes manifestations antijaponaises pendant une semaine dans des dizaines de villes en Chine, tandis que le conflit a déjà des répercussions économiques.

Les ventes des entreprises japonaises, notamment du secteur automobile, ont ainsi fortement baissé ces dernières semaines en Chine. Les autorités chinoises ont par ailleurs renforcé leurs contrôles sur les importations nippones.

Le 29 septembre, les deux pays auraient théoriquement dû célébrer le 40ème anniversaire de la normalisation de leurs relations bilatérales, au lieu de quoi Pékin a suspendu l’évènement.

A la veille même de cette journée, le porte-parole de la diplomatie chinoise, Qin Gang, avait été jusqu’à évoquer à la tribune de l’ONU le passé de vaincu du Japon qui veut “occuper illégalement le territoire d’une nation victorieuse” de la dernière guerre.