Jean-Louis Cussac, trader autodidacte et gourou de la place de Paris

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épendants les plus écoutés, le 13 septembre 2012 dans son bureau à Paris (Photo : Eric Piermont)

[22/09/2012 07:27:41] PARIS (AFP) Jean-Louis Cussac, un des traders indépendants les plus écoutés, le 13 septembre 2012 dans son bureau à Paris

Le look est volontairement décontracté. L’homme se décrit comme un solitaire, il est en tous cas très loquace.

“Le monde de la banque ne m’a jamais intéressé, le milieu est loin d’être sain. En revanche, j’adore mon métier, c’est une passion que je préfère exercer seul”, explique ce père de quatre enfants.

Jean-Louis Cussac, 52 ans, est tombé dans le trading par hasard. Au début des années 80, le bac pour unique diplôme, il écoute les conseils d’un banquier et investit 10.000 francs en Bourse (1.500 euros).

“J’étais plutôt doué pour les échecs. J’avais l’habitude de jouer 50 parties simultanées pour exercer ma mémoire. Je me rendais tous les jours au Palais Brongniart observer les vieux routiers de la finance. J’ai eu aussi la chance que des Américains me forment à la technique des dérivés qui faisaient leur apparition”, se souvient-il.

Les dérivés sont des instruments financiers qui permettent notamment de parier à l’avance sur l’évolution future d’un actif (un indice boursier, une devise…).

En 1983, Cussac signe son premier gros coup. Il mise 50.000 francs sur Source Perrier, racheté depuis par Nestlé, et rafle “grâce à un bon tuyau” 400.000 francs.

“A partir de là, les choses se sont enchaînées, mais j’ai acquis depuis une certaine sagesse. Je ne cherche plus le Graal — c’est la meilleure façon de se planter –, plutôt la régularité dans les gains”, explique-t-il.

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épendants les plus écoutés, le 13 septembre 2012 dans son bureau à Paris (Photo : Eric Piermont)

L’homme a un train de vie confortable et colle par certains aspects parfaitement à l’image du trader. Il roule en Porsche, surveille sa villa à Arcachon via les 10 écrans d’ordinateurs placés sur son bureau, fait du bateau.

“Des années pour s’en sortir”

Mais il revendique sans cesse sa différence. “Je suis végétarien, j’aime la méditation que j’ai beaucoup pratiqué dans le passé et refuse de spéculer sur les matières premières car je ne veux pas participer à la flambée des cours”, explique-t-il.

“L’argent ne m’intéresse pas. Ma famille est à l’abri, c’est le principal”, affirme-t-il avec assurance. Mais si Jean-Louis Cussac est devenu l’un des traders les plus écoutés, ses gains importants y sont pourtant pour quelque chose.

L’homme reste discret sur le sujet, mais il estime avoir depuis 2007 multiplié par cinq sa mise, ce qui se chiffre en plusieurs millions d’euros réinvestis principalement dans sa société de formation au métier du trading, Perceval Finance.

“Il m’est arrivé en une seule séance de perdre 100.000 euros ou d’en gagner 150.000, mais désormais mes prises de risque quotidiennes sont souvent plus modestes”, relève-t-il.

Jean-Louis Cussac s’attache à l’analyse technique et comportementale des marchés. “Pour chaque événement, il y a des initiés qui sont informés à l’avance. J’attends de repérer leur comportement dans la courbe d’un indice afin de l’interpréter et de pouvoir agir en conséquence”, explique le trader qui s’est spécialisé notamment dans les produits dérivés liés au CAC 40.

“Mais il n’y a pas de mystère, il faut des années d’expérience avant de pouvoir s’en sortir correctement”, ajoute-t-il.

Fort de sa réussite, l’homme dispense ses conseils à la radio et aux quatre coins du globe. “J’appuie sur une touche de mon clavier et suis en permanence relié à 200 personnes dans le monde qui me demandent mon avis”, explique-t-il.

Indépendance ou pas, le métier reste aussi très contraignant. “Au début je consacrais au trading sept jours sur sept. Maintenant, je travaille environ 16 heures par jour. J’ai des écrans dans ma chambre et des alertes sonores qui m’avertissent à n’importe quelle heure lorsqu’un de mes ordres a été exécuté. Un vrai drogué!”, reconnaît-il.