Fiat entend rester en Italie et va dévoiler sa stratégie

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ésentées à Miami en Floride en juillet 2012 (Photo : Joe Raedle)

[18/09/2012 17:03:33] ROME (AFP) Le groupe automobile Fiat a l’intention de maintenir sa présence en Italie grâce aux profits réalisés sur les marchés étrangers et présentera samedi sa stratégie au chef du gouvernement Mario Monti, a-t-il dit mardi après plusieurs jours de vive polémique à son sujet.

M. Monti s’est entretenu mardi au téléphone avec le patron de Fiat Sergio Marchionne et les deux hommes ont convenu de se rencontrer samedi à Rome, ont indiqué les services du gouvernement.

“A cette occasion, sera fourni un schéma informatif sur les perspectives stratégiques du groupe Fiat, en particulier en ce qui concerne l’Italie”, précise le communiqué du gouvernement.

M. Marchionne, actuellement en déplacement aux Etats-Unis, avait auparavant tenté de désamorcer la polémique née la semaine dernière sur un possible désengagement de Fiat d’Italie dans une interview au quotidien La Repubblica.

“Je cherche à profiter de la reprise du marché américain, en l’exploitant au maximum, pour parvenir à cette sécurité financière qui me permet de protéger la présence de Fiat en Italie et en Europe en ce moment dramatique”, a-t-il déclaré.

“La Fiat a accumulé des pertes de 700 millions d’euros en Europe et résiste à ces pertes grâce aux succès aux Etats-Unis et dans les pays émergents. Cette année, Fiat gagnera au niveau opérationnel 3,5 milliards d’euros, provenant tous de l’extérieur de l’Italie”, a-t-il précisé.

Fiat s’est attiré une tempête de protestations depuis qu’il a confirmé jeudi l’abandon du concept stratégique de “Fabbrica Italia” (“l’usine Italie”), présenté en avril 2010, et qui prévoyait 20 milliards d’euros d’investissements et la production de 1,4 million de véhicules en Italie en 2014.

Cette annonce a suscité un grand émoi dans le pays, aussi bien parmi les syndicalistes que les forces politiques, Fiat étant le principal employeur privé du pays et un symbole industriel national.

M. Marchionne a expliqué les pertes de parts de marché de Fiat par le fait que le marché italien est prépondérant pour la marque mais qu’il est aussi celui qui a le plus souffert en Europe, avec l’espagnol.

“Le marché n’existe plus. En Italie, nous sommes en dessous de 1,4 million de voitures par an (le total de toutes les marques, ndlr), ce qui signifie que nous avons perdu 1,1 million en cinq ans”, a-t-il dit.

Il a également défendu son choix de ne pas sortir de nouveaux modèles et de limiter les investissements, affirmant qu’il était insensé de le faire en temps de crise et sans l’espoir de récupérer ne serait-ce que les sommes investies.

“Avec un modèle nouveau, dans les conditions actuelles, je vous concède que j’aurais peut-être vendu 30.000 voitures de plus. Mais concédez-moi que j’aurais probablement perdu 2 milliards d’euros” d’investissements non remboursés, a précisé Sergio Marchionne.

Les chiffres publiés mardi par l’Association des constructeurs automobiles européens (ACEA) ont confirmé ses propos. Les ventes de voitures neuves dans l’Union européenne ont reculé de 7,8% en juillet et de 8,9% en août, mais en Italie ces chiffres sont respectivement -21% et -20,2%.

“Il y a un an, le pays était en faillite, on l’avait perdu. Il n’y a que l’intervention d’un personnage crédible (Mario Monti qui a remplacé Silvio Berlusconi en novembre 2011, ndlr) qui a sauvé l’Italie du gouffre. On l’a déjà oublié ? Quelqu’un voudrait que la Fiat se comporte au milieu de cette tempête comme si de rien n’était, comme quand il y avait le soleil”, a lancé le patron de Fiat.

Et à tous ceux qui lui rappellent l'”italianité” de Fiat, M. Marchionne a clairement répondu: “la Fiat n’est plus une entreprise uniquement italienne, elle opère dans le monde avec les règles appliquées dans le monde. Pour être clair: si je développe une voiture aux Etats-Unis et que je la vends en Europe en y gagnant, pour moi c’est pareil et ça doit l’être”.