Logements neufs : la France s’installe dans la crise

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affairent sur une maison en cours de construction (Photo : Philippe Huguen)

[31/07/2012 07:05:45] PARIS (AFP) La nouvelle chute des mises en chantier de logements neufs au deuxième trimestre préoccupe experts et professionnels du secteur qui, au vu du premier semestre catastrophique, tablent sur une année 2012 particulièrement difficile.

Les mises en chantier de logements neufs ont plongé de 14% sur la période allant d’avril à juin, comparé à la même période en 2011.

Le nombre des permis de construire pour les logements neufs a également continué à reculer, de 1,9% sur un an, une baisse quasi identique à celle de 2% enregistrée pour la précédente période (mars-mai).

“Le premier semestre n’est pas bon”, constate Michel Mouillart, professeur d’économie à l’université Paris-Ouest et spécialiste du secteur, interrogé par l’AFP.

“Ces chiffres confirment le ralentissement continu et particulièrement préoccupant de la construction de logements neufs”, renchérit François Payelle, président de la Fédération des promoteurs immobiliers.

Certes, la chute semble ralentir: les chiffres des mois précédents avaient mis évidence un recul encore plus important des mises en chantier, de 19,8% pour la période de mars à mai et de 22,5% pour celle de février à avril.

“Depuis le mois de mai, le mouvement de recul ralentit. On a descendu une marche, fragile, sur laquelle on va sans aucun doute rester”, observe Michel Mouillart.

Pour autant, en données brutes, les mises en chantier s’enfoncent inexorablement: elles s’élèvent à 69.937 unités d’avril à juin, contre 72.020 (mars à mai) et 76.215 (février à avril).

Et si elles ont progressé de 2,7%, à 354.804 unités, lors des douze derniers mois (juillet 2011 à juin 2012, comparé à juillet 2010-juin 2011), les chiffres présentés ainsi peuvent s’avérer trompeurs.

Une “panne” qui “risque de durer”

“Le décrochage se fait par rapport au second semestre 2011, qui avait retrouvé toute la vigueur du marché”, souligne M. Mouillart.

D’après les calculs de ce spécialiste, les mises en chantier reculent de près de 25% au premier semestre 2012 par rapport au second semestre 2011 et le deuxième trimestre a été particulièrement difficile.

“Il faut remonter à 1998 pour retrouver un niveau aussi bas, c’est véritablement l’expression d’une panne” qui, selon lui, “risque de durer”.

L’économiste anticipe désormais pour cette année 320.000 nouvelles mises en chantier de logements neufs, contre 378.600 en 2011, et un recul supplémentaire en 2013.

Pour expliquer cette chute de 60.000 unités “perdues” entre 2011 et 2012, Michel Mouillart avance deux raisons.

D’une part, la construction locative privée ferait perdre 20.000 mises en chantier, en raison “du rabotage et de la disparition programmée du dispositif Scellier”. Le dispositif Scellier, un rabais fiscal accordé aux investisseurs achetant des logements neufs afin de les louer, avait été mis en place pour juguler l’effondrement des ventes des promoteurs lors de la crise de 2008. Il doit être supprimé avant la fin de l’année, selon les annonces de la ministre du Logement, Cécile Duflot.

D’autre part, 40.000 mises en chantier perdues seront imputables à une accession à la propriété en berne, en raison “de la dénaturation du PTZ+ (prêt à taux zéro, supprimé dans l’ancien, ndlr) et des difficultés économiques pesant sur les ménages”, selon M. Mouillart.

Pour l’expert en revanche, la construction locative sociale est certes “en panne”, mais “ce n’est pas elle qui explique le gros du repli”.