Hollande entre sur la scène européenne : priorité croissance et défi grec

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çois Hollande le 10 mai 2012 à Paris (Photo : Francois Mori)

[11/05/2012 14:53:27] PARIS (AFP) Le président élu François Hollande se jette dès son investiture mardi dans le grand bain européen, avec une priorité, la croissance, au risque d’un bras de fer avec l’Allemagne, et un défi, la crise grecque, qui ravive les craintes pour l’avenir de la zone euro.

Le futur chef de l’Etat l’avait promis: son premier déplacement sera à Berlin. Quelques heures à peine après sa prise de fonctions, il rencontrera Angela Merkel mardi en fin d’après-midi.

La chancelière allemande, qui ne l’a pas reçu avant son élection, l’attend maintenant “à bras ouverts” et promet une poursuite de la “coordination traditionnellement étroite avec la France”.

La rencontre sera scrutée de près par les partenaires européens et par les marchés, qui traversent une nouvelle zone de turbulences.

Car un premier différend est déjà sur la table: le socialiste Hollande a promis de “renégocier” le traité de discipline budgétaire signé début mars par 25 Etats de l’UE, pour y ajouter un “volet croissance”, accusant la conservatrice Merkel d’avoir fait de l’austérité l’alpha et l’oméga de la zone euro.

Or, si elle est favorable à un “agenda de croissance”, la chancelière a prévenu que cela se fera sans toucher au pacte budgétaire et sans creuser les déficits.

“Nous avons des positions qui ne sont pas encore convergentes”, a reconnu jeudi François Hollande.

Le nouveau couple franco-allemand ira-t-il au “clash” dès sa lune de miel ? Plusieurs économistes pensent qu’une entente est possible, d’autant que les investisseurs eux-mêmes attendent des mesures pour éviter un cercle vicieux austérité-récession.

“M. Hollande ne rejette pas le pacte budgétaire en soi”, estiment les analystes d’Unicredit, rappelant qu’il s’est engagé à équilibrer les comptes de la France en 2017. “Ce qu’il souhaite, c’est de le compléter avec des mesures de croissance”, rappellent-ils, financées par les fonds structurels de l’UE, la Banque européenne d’investissement et des emprunts européens ad hoc.

Selon Unicredit, cette position “pourrait in fine recevoir le soutien de Mme Merkel”, dès lors que l’indépendance de la Banque centrale européenne et la priorité au désendettement “ne sont pas remises en cause”.

Dans l’immédiat, prévient-on à Berlin, aucune décision ne sera annoncée mardi. Les choses vont se décanter jusqu’au dîner informel de l’UE le 23 mai, le premier de François Hollande, avec l’espoir d’un accord sur la croisssance lors du sommet européen des 28 et 29 juin.

Pour ne pas s’enfermer dans un tête-à-tête avec l’Allemagne, le chef de l’Etat élu a reçu cette semaine le président de l’UE Herman Van Rompuy et celui de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker. Il a aussi consulté tous azimuts, notamment le chef du gouvernement italien Mario Monti, favorable à la fois à la rigueur et aux réformes structurelles version Merkel et aux investissements façon Hollande, et médiateur possible entre toutes “les bonnes volontés”.

François Hollande rencontrera aussi Barack Obama à la Maison Blanche avant le sommet du G8 des 18 et 19 mai à Camp David. Le président américain plaide pour que les Européens relancent leur croissance et a encore jugé jeudi qu’ils n’avaient “pas pris les mesures décisives” contre la récession.

L’arrivée du président Hollande sur la scène internationale est toutefois perturbée par la crise grecque. Plongée dans l’incertitude politique depuis les législatives du 6 mai, la Grèce peine à se trouver un gouvernement qui puisse poursuivre la politique de rigueur réclamée par ses bailleurs de fonds.

Pour le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, la zone euro pourrait supporter une sortie d’Athènes — même si là n’est pas le souhait de Berlin. La France est-elle d’accord, ou veut-elle, comme par le passé, tout faire pour sauver la Grèce ? Pour l’instant, François Hollande se borne à promettre d'”aider les Grecs” à régler leur crise. Sans dire comment.