Les Etats-Unis souhaitent plus de réformes économiques en Chine et un yuan plus fort

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Un billet de 100 yuans devant le sigle du dollar (Photo : Laurent Fievet)

[03/05/2012 09:09:25] PEKIN (AFP) Le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner a appelé jeudi la Chine à laisser sa monnaie s’apprécier davantage et à mettre en oeuvre des réformes économiques essentielles à ses yeux pour combattre le ralentissement de la croissance économique mondiale.

Un yuan plus fort permettra à la Chine de “s’orienter vers une production à plus forte valeur ajoutée, réformer son système financier et encourager la demande intérieure”, a déclaré M. Geithner à l’ouverture de deux jours de “dialogue stratégique et économique” entre les deux puissances.

M. Geithner a reconnu que le yuan s’était apprécié d’environ 13% depuis que la Chine a réinstauré en juin 2010 une marge de fluctuation journalière de sa monnaie par rapport au dollar.

Mais il a appelé Pékin a faire plus. Le faible taux du yuan est un habituel sujet de contentieux entre les deux premières économies de la planète et est jugé par les Etats-Unis comme en partie responsable de l’énorme déficit commercial américain, qui a atteint en 2011 le record de 295,5 milliards de dollars.

La marge de fluctuation du yuan, qui était de plus ou moins 0,5% par rapport au dollar, a été élargie à 1% le mois dernier. Mais sa valeur reste déterminée par la banque centrale, qui fixe son taux quotidiennement, et non par la loi de l’offre et de la demande comme c’est le cas pour la plupart des grandes monnaies de la planète.

Désormais, la valeur de la monnaie chinoise est toutefois jugée proche de l’équilibre non seulement par le gouvernement chinois, mais aussi par nombre d’analystes.

“Le taux de change a atteint un état d’équilibre, il n’y a plus de raison qu’il continue à s’apprécier”, a déclaré à l’AFP Lu Zhengwei, économiste à la China Industrial Bank.

Les Etats-Unis devraient maintenant demander que le yuan devienne pleinement convertible, y compris pour le rapatriement des capitaux investis en Chine, au lieu de se focaliser sur son taux de change, selon cet expert.

Washington s’est par ailleurs réjoui que la Chine, premier exportateur mondial, veuille adhérer à un accord permettant que les exportateurs chinois ne soient pas avantagés par rapport à leurs concurrents étrangers en matière de crédits à l’exportation.

“Alors que la Chine est selon certaines mesures le premier pourvoyeur de crédits à l’exportation dans le monde, c’est un changement très important”, a estimé un responsable américain sous couvert de l’anonymat.

M. Geithner a souligné que la Chine devait mettre en oeuvre un certain nombre de réformes structurelles et s’ouvrir davantage à la compétition internationale.

“La croissance économique à venir nécessite une nouvelle inflexion fondamentale dans votre politique économique”, a déclaré le secrétaire au Trésor américain à ses hôtes chinois.

En février, un rapport conjoint de la Banque mondiale et de conseillers économiques du gouvernement chinois a préconisé une nouvelle vague de privatisations en Chine ainsi qu’une libéralisation du secteur bancaire qui avantage aujourd’hui les entreprises d’Etat au détriment du secteur privé.

“Les Etats-Unis, ainsi que le reste du monde, ont fortement intérêt à ce que ces réformes réussissent”, a estimé M. Geithner, ajoutant que la deuxième économie mondiale devait dépendre moins des exportations et davantage de la consommation intérieure.

Le vice-Premier ministre chinois en charge des Finances, Wang Qishan, a pour sa part appelé les Etats-Unis à ne pas “politiser” les questions économiques.

Il a souligné que la Chine avait augmenté ses importations et amélioré la protection de la propriété intellectuelle, qui constitue une autre pierre d’achoppement entre les deux pays.

“Nous espérons que les Etats-Unis vont prendre des mesures concrètes pour relâcher leurs contrôles sur les exportations de produits de haute technologie vers la Chine, étendre la coopération sur les infrastructures, améliorer l’accès aux marchés financiers”, a déclaré M. Wang.

Pékin appelle régulièrement Washington à lever les restrictions pesant sur les exportations de produits de haute technologie vers la Chine, justifiées aux yeux des Américains par les applications militaires que peuvent avoir certaines de leurs technologies.