Tunisie : La guerre pour l’emploi est à notre portée!

Par : Autres

Entre deux réunions, un ami m’a fait rencontrer un jeune de Kasserine ayant travaillé pour l’ISIE et qui se dirigeait vers le siège à Lafayette pour un sit-in. Diplômé en informatique de l’Iset depuis 7 ans, il n’a toujours pas réussi à trouver un emploi et tient absolument à se faire embaucher par l’ISIE dont la mission est terminée et qui n’a plus d’existence légale! Il considère que si l’ISIE est enfin institutionnalisée, il est prioritaire dans ses futurs recrutements indépendamment des règlements de la fonction publique (concours).

economie-emploi-1.jpg

Des jeunes comme ce Kasserinois, il y en a 180.000 selon le gouvernement mais sans toutefois pouvoir communiquer le chiffre exact. Tout le monde s’accorde à dire que la principales cause de la révolution est la misère sociale liée au chômage qui affecte 800.000 personnes qui s’additionne à la paupérisation galopante liée aux bas salaires et à l’inflation. Pourtant, la situation semble bloquée, aucun progrès depuis un an et on a l’impression qu’elle va l’être davantage pour encore une longue période.

Et pourtant, des solutions existent mais il faut faire appel à l’imagination créative et s’armer de courage. Les schémas conventionnels (investissements et croissances) sont longs et ne permettront pas d’atteindre les objectifs souhaités. Il nous faut une nouvelle vision qui s’appuie sur: l’imagination, le volontarisme de l’Etat, le sens civique des acteurs économiques et la solidarité.

A titre de contribution, je propose les mesures suivantes:

1/ L’institution d’un droit constitutionnel à l’insertion professionnelle.

Principe: à l’issue de sa formation, chaque jeune a automatiquement droit à une première expérience professionnelle de deux à trois ans à titre de stagiaire. Au cours de sa période d’insertion, le stagiaire est encadré par un expert en parcours professionnel, et a droit à des formations complémentaires en fonction des besoins qui vont se révéler au cours de l’exercice de la mission qui lui sera affectée.

Le jeune pourra ainsi acquérir une première expérience professionnelle qu’il pourra valoriser pour rechercher un emploi, parfaire sa formation et surtout commencer à se constituer un network professionnel.

On aura ainsi vaincu un grand obstacle à l’accès au marché de l’emploi et surtout évité au jeune de se retrouver dans une situation de désespoir au terme de sa formation.

Financement: les mêmes ressources que les programmes Amal et SIVP.

2/ Le lancement d’un programme de mise à niveau de la Toute petite entreprise(TPE)

Un package d’incitations doit être accordée aux TPE (entreprises dans les métiers du bâtiment, de l’environnement, le secteur de la distribution, les services, l’artisanat….) souvent mal structurées, offrant une qualité de services médiocre et fiscalement non transparentes si elles recrutent des jeunes diplômés.

L’Etat doit légiférer tout en offrant un cadre d’accompagnement pour inciter ces entreprises à se mettre à niveau et à se conformer à la transparence.

Deux avantages: recrutements des jeunes et amélioration du rendement fiscal de ces entreprises. Ces dernières, en étant mieux structurées et plus transparentes, pourront mieux envisager leur développement aux plans national et international (marchés voisins).

Financement: partie intégrante des programmes d’insertion professionnelle + recettes supplémentaires de l’Etat liées à l’amélioration de la performance fiscale.

3/ Le lancement d’un programme de mise à niveau des associations

Ces dernières peuvent recruter un grand nombre de diplômés de l’enseignement supérieur, notamment parmi ceux qui ont des difficultés d’accès au marché de l’emploi (sections littéraires, gestion, scientifiques peu demandées…). Une association performante peut recruter jusqu’à 5 jeunes. Les jeunes recrutés bénéficieront d’une formation spécifique en management des associations.

Financement: dons internationaux et programmes d’insertion professionnelle.

4/ Le lancement d’un programme de mise à niveau des services de l’Etat chargés des différents contrôles légaux (sanitaire, occupation illégale des trottoirs, écologique… et du recouvrement des créances. Pour les collectivités locales (municipalités), il faut leur accorder l’autonomie en matière de recrutement à chaque fois où le recrutement procure des recettes supplémentaires.

Financement: autofinancé grâce aux recettes supplémentaires de l’Etat.

5/ Le lancement d’un programme national de prise en charge des élèves en difficulté

Les jeunes diplômés souhaitant intégrer l’enseignement pourront être affectés à des structures associatives promues par les parents d’élèves pour accompagner les élèves en difficulté tout en étant aidés par des psychologues et des enseignants à la retraite bénévoles.

Financement: associatif + dotations de l’Etat.

6/ Le lancement d’un programme national d’accompagnement des familles nécessiteuses.

Financement: fonds de solidarité + fondations internationales + dotations de l’Etat.

La mise en place de ces différents programmes nécessite d’abord un volontarisme résolu de l’Etat qui doit surtout préparer le cadre juridique approprié. Leur impact se fera ressentir aux plans social et économique. En outre, ils contribueront à l’édification d’une société solidaire et de l’Etat de droit qui nous fait tant défaut.

– Tous les articles sur
Emploi