Standard and Poor’s place la Hongrie “sous surveillance négative”

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à Felcsut, en Hongrie, le 8 novembre 2011 (Photo : Attila Kisbenedek)

[12/11/2011 11:39:47] BUDAPEST (AFP) L’agence de notation Standard and Poor’s (S&P) a placé la note souveraine de la Hongrie (BBB-) “sous surveillance négative”, a indiqué l’agence samedi matin, une décision récusée par le gouvernement hongrois qui fait valoir les “bons” indices macro-économiques du pays (déficit public et dette).

“A cause de la hausse des risques qui affectent la crédibilité financière de la Hongrie comme la dégradation de l’environnement économique et financier extérieur, S&P a placé la dette hongroise BBB- sous surveillance négative”, de même que la note de la dette à court terme (A-3), a indiqué l’agence de notation.

S&P a estimé que l’environnement éco-politique hongrois est devenu “imprévisible à cause de l’affaiblissement des organes de supervision et à cause de certaines décisions concernant les recettes budgétaires qui auront des effets négatifs sur la croissance hongroise et les finances de l’Etat”.

La mise “sous surveillance négative” est une mesure plus sévère que la “perspective négative” d’une agence de notation: elle laisse entendre une baisse imminente de la note souveraine d’un pays et S&P annonce une décision d’ici quelques semaines.

La décision de S&P arrive au lendemain de l’annonce d’une autre agence de notation, Fitch, qui a indiqué avoir ramené de “stable” à “négative” sa perspective de la note souveraine hongroise (également BBB-).

La note de la Hongrie se situe juste un cran au-dessus du rang d’investissement spéculatif selon l’échelle des trois principales agences mondiales de notation.

Les raisons relevées par les deux agences sont quasiment identiques et reprennent les critiques des derniers mois des analystes qui ont dénoncé la politique économique “non-orthodoxe” du Premier ministre conservateur hongrois, Viktor Orban.

Sont notamment dans le collimateur des mesures économiques contraires aux règles de l’Union européenne et prises sans consultations préalables avec les secteurs concernés, comme l’imposition des banques (623 millions d’euros) et des taxes extraordinaires sur les sociétés d’énergie, de distribution et de télécoms.

Egalement sous le feu des critiques se trouve la récente décision du gouvernement hongrois permettant à la population endettée en devises étrangères (franc suisse ou euro) de rembourser ses emprunts à un taux préférentiel, au moins 20% en-dessous des taux de changes réels. Cette mesure avait été vivement critiquée par la Banque centrale européenne (BCE), qui l’avait qualifiée de “dangereuse” non seulement pour le pays, mais aussi pour les banques de la région.

Les marchés anticipent l’abaissement de la note de la Hongrie par au moins l’une des trois principales agences, ce que le ministre hongrois de l’Economie, Gyorgy Matolcsy, a lui-même admis: “Au moins une des grandes agences de notation risque d’abaisser la note souveraine hongroise”, avait-il déclaré la semaine dernière.

Après l’échec de la vente de ses bons d’Etat il y a deux semaines, Budapest a observé une nette hausse des intérêts sur ses obligations arrivant à maturation sur 3, 5 ou 10 ans. Et la devise hongroise, le forint, s’est retrouvée sous pression cette semaine, tombant à son plus bas niveau depuis deux ans et demi face à l’euro en franchissant la barre des 310 forints pour un euro après qu’une nouvelle vente de bons d’Etat n’eut pas rencontré la demande espérée de la part des investisseurs.

De plus, la Hongrie paye le prix des répercussions de la crise européenne de la dette, notamment chez ses voisins, la Grèce et l’Italie).

Le gouvernement hongrois a déjà récusé les avis des agences de notation, insistant sur le fait que le déficit public du pays resterait sous les 3% du Produit intérieur brut (PIB) en 2011 et en 2012 et que la Hongrie était un des rares pays ayant fait baisser leur dette nationale (d’environ 81% à 73% du PIB).