L’Endettement extérieur de la Tunisie atteint des niveaux inquiétants!

Additionnant tous les déficits publics passés, la dette actuelle de la Tunisie atteint des niveaux très inquiétants. Résultat d’une gestion déficiente des affaires publiques, la situation est incontestablement alarmante. Elle est en fait porteuse de menaces non seulement pour les contribuables mais aussi pour les marchés, qui doivent surtout être attentifs à cette réalité et à une présentation trop souvent dénaturée.

Selon la présentation de Mme Sabeh Mallek, directrice centrale à la BNA, calculé par rapport au PIB, exprimé aux prix courants, le taux d’endettement total de la Tunisie est de 109,8%, chiffre rapporté lors d’une conférence nationale organisée par l’association Nou-R, le samedi 17 courant. L’endettement est réparti à hauteur des 2/3 en dette interne et 1/3 en dette externe. Ainsi, la dette de l’Etat représente près de 39% de l’endettement total du pays, 23% de l’endettement intérieur et 75% de l’endettement extérieur. Ceci reflète le poids et le rôle de l’Etat en tant qu’acteur de l’endettement extérieur. En effet, le stock de la dette extérieure totale (intérêt + principal) représente 58,16% du revenu national brut de la Tunisie en 2009. Le coefficient du service de la dette reste contenu, soit 10,6% à fin 2009 et à 5% du revenu national.

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Par bailleur de fonds: six bailleurs de fonds accaparent, à eux seuls, plus de 80% de l’encours de la dette à MLT en 2009

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Comment en est-on arrivé là?

Lors de cette rencontre, ayant pour thème «Modèles économiques et mécanismes de financement», Moncef Cheikhrouhou a indiqué dans son allocution que la crise actuelle révèle les limites de la simple économie et les systèmes de valeurs sous-jacents, et exige en effet une réflexion hors anciennes normes.

M. Cheikhrouhou précisera également que les déficits créent de la dette mais pas de la croissance, alors que les taux bas créent la monnaie mais pas de crédit. Résultats? On recourt alors à des solutions extrêmes.

Financement de la Tunisie : Dette ou capital?

«Bien que ceci remonte à bien avant les années 1980, puis-je vous offrir le conseil de l’historien arabe du 14ème siècle, Ibn Khaldoun, qui a écrit: «au début de l’empire, les taux d’imposition sont bas et les recettes de l’Etat sont élevées. A la fin de l’empire, les taux sont élevés et les recettes de l’Etat sont basses», a suggéré M. Cheikhrouhou qui ajoutera que les solutions adéquates s’articulent autour des points suivants :

– Séparer clairement les dépenses de fonctionnement des dépenses d’investissement.

– Etablir une «règle d’or» pour les dépenses courantes.

– Emettre des «sukuks» pour les investissements.

– Pour les Projets: Introduire et généraliser les Fonds d’investissement dans le haut de bilan

– Activer les synergies régionales.

Toujours selon M. Cheikhrouhou, face à cette crise, une gestion des finances publiques réelle permettrait d’apporter la réhabilitation de l’économie réelle, la valorisation du couple Travail/Innovation et une gestion des risques pour la collectivité. D’autant plus, qu’elle permettrait d’éviter le dérapage nocif entre réel et virtuel, le surendettement destructif des sociétés, la valorisation de l’argent en soi (outil et non finalité) ainsi que les pratiques obscures et les tromperies.