Japon : le séisme creuse la récession au printemps mais un rebond se dessine

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ût 2011 à Tokyo (Photo : Toshifumi Kitamura)

[15/08/2011 09:38:40] TOKYO (AFP) Le Japon est resté ancré dans la récession au deuxième trimestre 2011, à cause du séisme du 11 mars, mais l’économie nippone a mieux résisté que prévu, laissant espérer un rebond dès les mois d’été grâce à la réaction rapide des industriels et aux dépenses de reconstruction.

Selon les données gouvernementales publiées lundi, l’archipel a subi d’avril à juin un troisième trimestre consécutif de décroissance.

Le terrible tremblement de terre et le gigantesque tsunami qui ont dévasté le nord-est du Japon il y a cinq mois ont porté un coup sévère aux entreprises de la région et désemparé la population.

Le produit intérieur brut (PIB) japonais de cette période printanière a décliné de 0,3% par rapport à celui des trois mois précédents.

Ce recul de 1,3% du PIB en rythme annualisé est toutefois nettement inférieur à celui redouté par les économistes.

Selon les chiffres révélés lundi, au deuxième trimestre 2011, la baisse de 4,9% des exportations a constitué le principal facteur de la poursuite de la dégradation, accentuée par un recul de 1,9% des investissements immobiliers privés et une baisse de 0,1% de la consommation, en comparaison trimestrielle.

Le Japon était retombé en récession dès le premier trimestre (janvier à mars) à cause du drame qui a fait plus de 20.000 morts et disparus.

Le choc brutal de mars a provoqué une violente décrue des livraisons de marchandises, la production ayant été entravée par la destruction d’usines, les dégâts sur des infrastructures essentielles et la rupture de la chaîne d’approvisionnement.

Les secteurs clefs de l’automobile et de l’électronique, piliers des exportations, ont été particulièrement affectés.

Les aléas de la conjoncture économique européenne, les hoquets de la reprise aux Etats-Unis et les accès de fièvre de la monnaie japonaise vis-à-vis de l’euro et du dollar ont aussi pesé sur la demande extérieure, a souligné le gouvernement.

Le traumatisme a en outre conduit les citoyens japonais à la retenue durant plusieurs semaines, freinant la consommation intérieure privée, un des moteurs de la croissance.

Par ailleurs, l’accident nucléaire consécutif au séisme et au tsunami à la centrale de Fukushima, ainsi que l’arrêt d’une importante partie du parc de réacteurs, force le pays à réduire l’usage de l’électricité ce qui bride aussi l’activité.

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ût 2011 à Tokyo

La hausse de 3% des investissements publics, rendus nécessaires par la catastrophe, a néanmoins en partie contrebalancé cette détérioration économique.

Les données publiées lundi montrent en outre des signes encourageants.

Même si d’avril à juin la consommation des ménages s’est affichée en repli pour le troisième trimestre d’affilée, le déclin est en effet ténu.

La ruée sur les téléviseurs numériques juste avant l’interruption de la diffusion analogique intervenue le 24 juillet a vraisemblablement limité la décrue, de même que les dépenses de loisirs et achats de vêtements estivaux.

“Durant le trimestre écoulé ont aussi commencé à apparaître les besoins des particuliers sinistrés qui peu à peu se rééquipent”, a précisé le gouvernement.

“Si l’activité économique se rétablit progressivement comme cela se dessine à certains égards, il est possible que la croissance revienne dès la période de juillet à septembre”, a commenté Takeshi Minami, économiste de l’institut Norinchukin dont l’avis rejoint celui du ministre des Finances, Yoshihiko Noda.

M. Minami met cependant en garde contre le risque de retard dans le financement public de la reconstruction, notamment en raison de l’instabilité politique. Le Premier ministre de centre-gauche, Naoto Kan, critiqué pour la gestion du désastre, est sur le point d’abandonner ses fonctions, avant même le vote d’une troisième indispensable rallonge budgétaire.

Hidenori Suezawa, de SMBC, pointe quant à lui les autres freins potentiels à la dynamique industrielle et à la reprise que sont d’une part la limitation obligée de la consommation électrique et d’autre part les soubresauts extérieurs qui entretiennent la cherté du yen, incitant les entreprises nippones à transférer une partie de leur activité à l’étranger.