Fukushima : l’action Tepco plonge de 27% à Tokyo, craintes pour la compagnie

photo_1307340795389-1-1.jpg
érence de presse à Tokyo le 20 mai 2011 (Photo : Toshifumi Kitamura)

[06/06/2011 06:39:17] TOKYO (AFP) L’action de Tokyo Electric Power (Tepco), gestionnaire de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima, a clôturé lundi sur un plongeon de 27,62% à la Bourse de Tokyo à 207 yens, les investisseurs angoissant pour l’avenir de cette compagnie d’électricité en difficulté.

Le titre a terminé quasiment à son niveau plancher, fixé à 206 yens pour la journée, et n’a jamais fini une session aussi bas depuis son introduction en Bourse il y a plus d’un demi-siècle.

Les opérateurs ont vendu à tour de bras sur la foi d’un article de l’agence de presse Kyodo, affirmant que l’entreprise pourrait enregistrer une perte nette de 570 milliards de yens lors de l’année budgétaire d’avril 2011 à mars 2012 (4,9 milliards d’euros au cours actuel), sans compter les indemnisations dues aux victimes de l’accident nucléaire.

Tepco a répondu que ces chiffres n’avaient rien d’officiel et précisé qu’elle n’envisageait pas de publier de prévisions financières pour l’exercice 2011/12 dans l’immédiat, mais un porte-parole a reconnu que l’année budgétaire en cours était “très difficile”.

Le président de la Bourse de Tokyo (Tokyo Stock Exchange, TSE), Atsushi Saito, a déclaré en outre pendant le week-end que Tepco devrait passer par une phase de redressement judiciaire pour se relancer, à la manière de la compagnie aérienne Japan Airlines dont l’action devenue sans valeur avait été retirée de la cote.

Le TSE a précisé dans un communiqué publié à la mi-journée que la situation actuelle de Tepco ne signifiait pas que son titre devrait être retiré de la cotation.

Mais ces diverses informations ont renforcé l’inquiétude des opérateurs quant à l’avenir de la première compagnie d’électricité du pays, d’autant qu’un plan de soutien financier dévoilé mi-mai par le gouvernement de centre-gauche pourrait être remis en cause en cas de démission du Premier ministre, Naoto Kan, impopulaire et fragilisé.

“Les investisseurs décampent, l’idée que les actions Tepco continueront d’être cotées disparaît peu à peu”, a expliqué Naoki Fujiwara, gestionnaire à Shinkin Asset Management, cité par Dow Jones Newswires.

Le titre a perdu 90% de sa valeur depuis le 11 mars, jour du tsunami qui a dévasté le nord-est de l’archipel et entraîné des explosions et fuites radioactives dans sa centrale nucléaire Fukushima Daiichi, située à 220 km de Tokyo.

Au terme de l’exercice d’avril 2010 à mars 2011, Tepco a affiché un déficit net de 1.247,35 milliards de yens (10,9 milliards d’euros), le pire jamais enregistré par un groupe japonais non financier, en partie du fait de dépréciations massives d’actifs consécutives à la catastrophe.

Selon Kyodo, citant un document interne à l’entreprise, ses pertes resteront colossales lors de l’année 2011/12, notamment du fait de l’explosion de sa facture d’hydrocarbures, qui devrait grimper de 830 milliards de yens à cause de l’augmentation de la production des centrales thermiques rendue nécessaire par l’arrêt d’une quinzaine de réacteurs.

La compagnie pourrait se retrouver avec une trésorerie limitée à 100 milliards de yens en fin d’exercice en mars 2012, contre 2.100 milliards de yens en début d’année budgétaire, ce qui pourrait l’obliger à emprunter davantage aux banques et à solliciter davantage l’aide publique.

La note de la dette à long terme de Tepco a été reléguée il y a une semaine en catégorie spéculative par l’agence de notation financière Standard & Poor’s, réduisant la capacité de la firme à lever des fonds sur le marché obligataire.

L’accident de Fukushima, le pire du nucléaire civil depuis Tchernobyl (Ukraine) en 1986, a provoqué l’évacuation de quelque 80.000 habitants des environs.

Tepco espère abaisser la température des réacteurs endommagés sous la barre des 100 degrés Celsius (cold shutdown) d’ici à janvier 2012, mais sa tâche est compliquée par la présence de quantités massives d’eau fortement radioactive sur le site.