Le FMI en situation délicate avec la garde à vue de Strauss-Kahn

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éunion plénière le 16 avril 2011 à Washington (Photo : Stephen Jaffe)

[15/05/2011 05:41:05] WASHINGTON (AFP) La garde à vue du directeur général du Fonds monétaire international Dominique Strauss-Kahn met dans une situation très délicate une institution qui lui avait déjà pardonné une relation avec une subordonnée.

M. Strauss-Kahn a été mis en garde à vue à New York samedi après avoir été débarqué d’un avion Air France.

Les faits pour lesquels il est mis en cause, une agression sexuelle, sont potentiellement pour le FMI une raison de le démettre de ses fonctions. Mais samedi soir, aucun proche de M. Strauss-Kahn n’avait répondu aux questions de l’AFP pour savoir s’il niait ou reconnaissait les faits.

Interrogés par l’AFP, un porte-parole du Fonds et l’avocat de M. Strauss-Kahn à Washington ont expliqué qu’ils n’avaient aucun élément sur ces faits.

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à Istanbul (Photo : Bulent Kilic)

Dans l’immédiat, le FMI n’est pas obligé de prendre une décision et peut fonctionner sans son patron, le temps d’en apprendre plus sur l’affaire. Le premier directeur général adjoint, l’Américain John Lipsky, peut prendre les commandes.

L’institution impose un code de conduite à ses fonctionnaires internationaux qui leur demande de respecter les lois, mais aussi de “suivre les normes les plus élevées de comportement éthique, conforme aux valeurs d’intégrité, d’impartialité et de discrétion”.

Ce code de conduite prévoit le licenciement en cas de “violation grave”.

Les extraits du contrat de travail de M. Strauss-Kahn publiés par le FMI lors de sa prise de fonctions en novembre 2007 prévoient, même s’il est démis par le conseil d’administration, une indemnité de départ qui serait aujourd’hui l’équivalent de 60% de son salaire annuel.

Le Fonds a déjà dû gérer une autre situation difficile avec M. Strauss-Kahn. Le directeur général avait eu une relation avec une subordonnée, une économiste hongroise, Piroska Nagy, à Davos (Suisse) en janvier 2008. Son mari l’avait découvert et en avait fait part à l’institution, qui avait confié une enquête à un cabinet d’avocats de Washington. L’enquête avait conclu que la relation était consentante et n’avait pas suscité de favoritisme.

En octobre 2008, le conseil d’administration du Fonds avait maintenu M. Strauss-Kahn dans ses fonctions, tout en lui reprochant “une grave erreur de jugement”. L’annonce de la garde à vue de M. Strauss-Kahn survient alors que le FMI traverse actuellement une des phases les plus critiques de son histoire, avec la crise financière endurée par la zone euro.

Une mission du Fonds a commencé ses travaux mardi à Athènes pour examiner, avec les fonctionnaires de la Commission et de la banque centrale européennes, les conditions du versement de la cinquième tranche de l’aide accordée à la Grèce en mai 2010. Le prêt accordé à ce pays devrait être le plus grand jamais versé par l’institution, à 30 milliards d’euros.

Le FMI doit donner son feu vert prochainement à un prêt au Portugal, après les pays de la zone euro qui participent au plan de sauvetage. Leurs ministres des Finances doivent se retrouver lundi à Bruxelles, une réunion à laquelle M. Strauss-Kahn avait prévu de participer.

Enfin, le conseil d’administration du FMI a, selon son ordre du jour officiel, prévu d’examiner lundi le versement d’une deuxième et troisième tranches du prêt de 22,5 milliards d’euros accordé en décembre à l’Irlande. Mais il est très probable que cette réunion soit aussi consacrée au cas personnel du directeur général, personnage apprécié par la grande majorité de ses collaborateurs.