Scandale chez Renault : Carlos Ghosn n’a pas voulu “abandonner le navire”

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à Paris (Photo : Lionel Bonaventure)

[12/04/2011 21:43:24] PARIS (AFP) Le PDG de Renault Carlos Ghosn n’a pas voulu “abandonner le navire” lorsque le scandale de faux espionnage a déstabilisé le groupe français, qui doit à présent se concentrer sur l’application de son plan stratégique, explique-t-il dans une interview aux Echos datés de mercredi.

“J’ai la conviction que, pendant une crise, un capitaine n’abandonne pas le navire”, déclare M. Ghosn au lendemain de l’annonce du départ de plusieurs dirigeants du constructeur automobile, dont son numéro deux Patrick Pélata, conséquence d’une gestion catastrophique de la pseudo affaire d’espionnage.

“Un patron est toujours responsable, mais on ne peut pas m’adresser tous les reproches à la fois”, se défend M. Ghosn, alors que manifestement une trop grande confiance a été accordée au service de sécurité de Renault, à l’origine de l’enquête interne qui a débouché sur le licenciement en janvier de trois cadres, accusés à tort d’espionnage industriel.

Depuis, l’un des membres de la sécurité, Dominique Gevrey, a été mis en examen pour escroquerie et incarcéré.

Alors qu’un audit mené depuis mars a relevé une série de dysfonctionnements graves dans la gestion de ce fiasco, “rien dans l’audit ne me met en cause”, souligne encore M. Ghosn, dont le mandat court jusqu’en 2014.

Concernant le départ de M. Pélata, qui va quitter son poste de directeur général délégué pour assurer d’autres fonctions au sein de l’alliance Renault-Nissan, “c’est la suite logique d’un processus engagé mi-mars et dont il fallait tirer toutes les conséquences”, dit le PDG.

Quant à savoir qui pourrait remplacer le numéro deux, “il est trop tôt pour donner un nom”, selon M. Ghosn, qui assure que “l’intérim ne se prolongera pas”.

“Je pense qu’il y a en interne plusieurs candidats possibles”, poursuit-il.

Si cette crise a eu un impact sur le moral des salariés, “ébranlés”, elle ne devrait pas avoir de conséquence en terme de ventes. “Pour qu’il y ait un impact sur la marque, il faut une crise longue et durable”, selon lui.

La priorité pour le constructeur automobile est à présent “de retrouver de la performance sur son coeur de métier et d’atteindre les objectifs fixés pour 2013”, c’est-à-dire vendre trois millions de véhicules, contre 2,6 millions l’an dernier.

Ensuite, Renault pourra envisager de revoir son alliance capitalistique avec le japonais Nissan et leurs participations croisées, comme le souhaite l’Etat, premier actionnaire du constructeur français avec 15,01%. Renault détient 43,4% de Nissan et le japonais 15% du français. “Nous n’avons pas intérêt à reconfigurer l’Alliance tant que Renault n’a pas repris des forces”, dit son PDG.

La crise ne devrait pas menacer l’avenir de Renault en Chine, premier marché automobile mondial dont le français est pour l’instant absent et qui avait été soupçonné à tort d’être derrière l’affaire d’espionnage industriel.

“Je ne me suis pas aventuré sur la date, mais Renault ira en Chine, c’est sûr”, affirme M. Ghosn.

La crise que traverse actuellement le Japon aura en revanche un impact pour l’alliance Renault-Nissan. “Nissan connaîtra un deuxième trimestre (avril-mai-juin) difficile” et “en France, il y a effectivement des impacts sur l’approvisionnement”, reconnait M. Ghosn.