Sauvetage du Portugal : la mission “technique” UE-BCE-FMI à pied d’oeuvre

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à Gödöllö, près de Budapest, le 9 avril 2011 (Photo : Georges Gobet)

[12/04/2011 16:05:55] LISBONNE (AFP) Des experts de la Commission européenne, de la BCE et du FMI étaient à pied d’oeuvre mardi à Lisbonne dans le cadre d’une mission d’évaluation “technique”, préalable aux négociations “politiques” qui définiront le montant et les conditions de l’aide internationale au Portugal.

“Nous allons entamer des discussions très techniques sur un large ensemble de sujets”, a affirmé aux médias un expert de la Banque centrale européenne, à son arrivée au ministère des Finances.

En début d’après-midi, un porte-parole de la délégation de la Commission européenne au Portugal avait indiqué que des réunions étaient “en cours entre les trois équipes pour définir le programme” de leur mission.

L’arrivée au Portugal des experts européens et surtout du FMI, 28 ans après la dernière intervention du Fonds monétaire international dans le pays, faisait mardi la Une de toute la presse et l’ouverture des journaux télévisés, la plupart des éditorialistes revenant sur l'”humiliation” d’un pays “à genoux”.

“L’équipe qui atterrit aujourd’hui à Lisbonne, du FMI, de la Banque centrale européenne et de la Commission européenne, vient consacrer notre échec. Chaque marche à la descente de l’avion sera un coup porté à notre orgueil, notre autonomie, notre autodétermination”, écrivait le directeur du quotidien économique Jornal de Negocios Pedro Santos Guerreiro.

“Le pays est aujourd’hui humilié”, poursuivait-il tandis que, dans le Diario de Noticias, la chronique hebdomadaire de l’ancien président Mario Soares était titrée “Le Portugal à genoux”.

Face à la pression des marchés et au risque de rupture de financement de l’Etat portugais, l’UE comme le FMI se dont dits prêts à aider le Portugal, comme ils l’ont déjà fait pour la Grèce et l’Irlande, à la stricte condition que Lisbonne adopte d’ici la mi-mai un “programme d’ajustement”, basé sur des mesures d’austérité “ambitieuses” et une politique de “croissance et compétitivité” alliant réformes structurelles et privatisations.

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à Lisbonne le 7 avril 2011 (Photo : Patricia de Melo Moreira)

Selon une première estimation du commissaire aux Affaires économiques Olli Rehn, le montant de l’aide devrait avoisiner les 80 milliards d’euros.

Pour le Portugal, un accord mi-mai est indispensable, l’Etat devant rembourser au 15 juin une échéance de dette de près de 5 milliards d’euros, qu’il pourra difficilement emprunter sur les marchés en raison des taux d’intérêt prohibitifs exigés par les investisseurs, y compris sur le très court terme.

La situation du Portugal est en outre compliquée par la crise politique ouverte par la démission le 23 mars du Premier ministre socialiste José Socrates, désavoué par le rejet au parlement d’un nouveau programme d’austérité devant garantir la réduction du déficit public à 4,6% du PIB cette année, puis 3% en 2012 et 2% en 2013.

Des élections législatives anticipées ont été convoquées le 5 juin.

Dans ce contexte, le gouvernement sortant et le principal parti d’opposition de centre-droit, le Parti social-démocrate, pour l’instant favori des sondages, ne sont guère enclins au compromis, pourtant exigé par les bailleurs de fonds pour garantir l’application des mesures quel que soit le résultat des élections.

La “mission d’évaluation technique”, arrivée mardi à Lisbonne, devrait dans un premier temps limiter ses rencontres aux représentants du ministère des Finances et de la Banque du Portugal, les “négociations politiques” entre la “troïka” (UE, BCE, FMI), le gouvernement et les partis d’opposition étant prévues à partir du lundi 18 avril.