Sarkozy au Salon de l’agriculture, au chevet de professionnels en crise

photo_1298112081818-6-1.jpg
à Paris, le 19 février 2011. (Photo : Lionel Bonaventure)

[19/02/2011 15:36:43] PARIS (AFP) Le président Nicolas Sarkozy s’est efforcé d’être à l’écoute des difficultés du secteur agricole, et notamment de celles des éleveurs, en inaugurant samedi la 48e édition du Salon de l’Agriculture à Paris où il a parfois eu des accents de candidat en campagne.

Pendant deux heures, le chef de l’Etat a arpenté les allées de la plus grande ferme de France, s’arrêtant ça et là pour déguster les produits du terroir, serrant d’innombrables mains, signant des autographes ou posant de bonne grâce pour des photos souvenirs.

Aucun signe d’hostilité dans la foule, au contraire. “Il faut continuer”, l’encourageait un sexagénaire, “je veux lui serrer la main”, s’impatientait un plus jeune.

“C’est une bonne visite, une visite à la Chirac”, s’exclamait Christian Jacob, le patron -chiraquien- des députés UMP en assurant qu’il reviendrait ici “mardi” avec l’ancien président Jacques Chirac.

Même les “producteurs de viande bovine en colère”, comme il était écrit en lettres blanches sur leurs tee-shirts rouges, l’apostrophaient fermement mais sans animosité pour lui faire part de leur doléances. “Il faut absolument revoir les prix à la production, sinon on va mourir”, lui a lancé l’un d’entre eux.

Un autre, Alain Lescure, éleveur dans le Cantal, cassait toutefois ce bel unanimisme: “Il ne faut pas penser aux agriculteurs seulement à un an des élections. Sarkozy, il est de la ville, il n’aime pas la campagne”, tempêtait-il.

photo_1298112193134-6-1.jpg
à Paris, le 19 février 2011 (Photo : Lionel Bonaventure)

Le chef de l’Etat s’est efforcé de le démentir un peu plus tard, lors d’une table ronde de près de deux heures avec une demi-douzaine d’agriculteurs du centre et du sud-ouest de la France, dénonçant en termes très fermes la campagne de France Nature Environnement contre les “agriculteurs pollueurs”.

Selon lui, cette campagne, comportant des visuels et slogans choc sur les OGM, les pesticides et les algues vertes, est “particulièrement déplacée (…) elle est blessante, humiliante, totalement contreproductive, d’une certaine façon choquante”.

“Les agriculteurs n’ont pas à être insultés (…) On n’oppose pas les Français les uns contre les autres, on essaie de les rassembler. On ne combat pas l’intolérence en étant intolérants”, a-t-il ajouté, en invitant la profession à ne pas répondre sur le même ton.

L’an dernier, en clôturant le Salon, le président Sarkozy avait lancé: l’environnement, “ça commence à bien faire”, déclenchant une levée de boucliers des écologistes.

“Je crois en l’avenir de l’agriculture française, la France a besoin pour son économie, sa croissance, son développement, son commerce extérieur, d’une agriculture performante et compétitive”, a-t-il également affirmé.

A Patricia Rebillou, productrice de fruits rouges en Dordogne, qui se plaignait que les cantines scolaires ne s’approvisionnent pas assez localement, M. Sarkozy a rétorqué: “vous ne pouvez pas demander au président de la République de régler les circuits d’alimentation dans les lycées et les collèges”.

“Au moment des régionales, ils vous ont promis des choses. A vous d’avoir de la mémoire”, a-t-il lâché, en faisant allusion aux socialistes, à la tête de presque toutes les régions de France.

“Il va y avoir des élections cantonales. A vous de poser des questions aux candidats”, s’est-il exclamé.

“On voit que la campagne électorale est bien lancée”, a ironisé Philippe Collin, porte-parole de la Confédération paysanne, classée à gauche.