L’incertitude plane sur le dénouement du feuilleton Sanofi-Genzyme

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ège de Sanofi-Aventis à Paris, le 30 juin 2009 (Photo : Eric Piermont)

[12/02/2011 09:52:22] PARIS (AFP) Le feuilleton engagé depuis six mois du rachat de Genzyme par Sanofi, dont la rumeur prédisait le dénouement ces derniers jours, pourrait encore se prolonger, le groupe français n’excluant pas de repousser une troisième fois l’échéance de son offre sur la biotech américaine.

Nombre d’observateurs s’attendaient à ce que Sanofi-Aventis dévoile un accord avec sa cible au plus tard mercredi lors de l’annonce de ses résultats. Raté: le numéro un français de la pharmacie s’est contenté de faire état de “progrès” dans les discussions.

“Rien dans la réglementation américaine ne s’oppose à ce que nous prolongions à nouveau notre offre”, a souligné le directeur général de Sanofi, Chris Viehbacher, qualifiant d'”irréalistes” les rumeurs d’une conclusion imminente relayées dans la presse le week-end précédent.

“Nous ne sommes pas liés par un calendrier”, a-t-il déclaré, jugeant “normal de passer du temps sur une opération à 18,5 milliards de dollars”.

“Le délai a été le même pour les autres opérations du secteur mais les négociations restent généralement confidentielles alors que cette transaction a été rendue publique très en amont”, a-t-il fait valoir dans un entretien à La Tribune.

Lancée le 4 octobre et prolongée par deux fois depuis, l’offre de Sanofi arrive théoriquement à terme mardi soir, heure de New York.

Elle valorise la firme américaine à 18,5 milliards de dollars mais ses dirigeants la jugent sous-évaluée et ont appelé les actionnaires à la rejeter, ce qui n’empêche pas les deux groupes de discuter.

Sanofi-Aventis avait annoncé le 24 janvier qu’il prolongeait jusqu’au 15 février son OPA, au prix inchangé de 69 dollars par action.

Genzyme a depuis accepté d’ouvrir ses livres de comptes à son prétendant, ce qui atteste d’un réchauffement des positions des deux parties.

Mais cette procédure de “due diligence” doit être “menée avec attention”, a fait valoir M. Viehbacher, rappelant que Genzyme est présent dans 80 pays et possède 14 usines.

L’examen se doit d’être d’autant plus attentif que Genzyme se relève justement d’un grave problème de contamination découvert à l’été 2009 dans une de ses usines américaines. Cette contamination avait contraint la biotech à fermer le site qui produit deux de ses principaux médicaments.

L’autre pierre d’achoppement des négociations entre les deux groupes porte sur la valorisation d’un futur traitement de Genzyme contre la sclérose en plaques: quand l’américain table sur 3,5 milliards de dollars de ventes annuelles, Sanofi parie de son côté sur 700 millions.

Cet écueil devrait être contourné par la mise en place de certificats de valeur garantie (CVR en anglais), permettant aux actionnaires de Genzyme de toucher un complément de prix en fonction des résultats effectifs de ce traitement.

Mercredi, M. Viehbacher n’a pas souhaité dire si Sanofi avait relevé son offre pour pousser Genzyme à lui ouvrir ses livres de comptes, ce que la biotech lui refusait depuis des mois. Le Wall Street Journal avait évoqué une semaine auparavant un relèvement du montant à 74 dollars par titre.

L’acquisition de Genzyme représenterait pour Sanofi une bouffée d’air frais alors que le groupe prévoit une année 2011 difficile, en raison de la concurrence accrue des génériques, mais aussi des pressions sur les coûts engendrées par la réforme du système américain de santé et les restrictions budgétaires en Europe.