Un site internet, accusé d’être “antiflics”, provoque la colère de la police

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écran du site paris.indymedia.org

[22/12/2010 17:37:36] PARIS (AFP) Un site internet, accusé d’être “antiflics”, a décidé de publier des photos de policiers en civil, de les filmer de les identifier en utilisant notamment leurs pages Facebook, provoquant la colère des syndicats de police qui réclament une action du ministre de l’Intérieur.

L’irruption de ce site (paris.indymedia.org) inquiète d’autant plus les policiers qu’il subsiste “un flou juridique” sur de tels agissements.

Depuis quatre jours, ce site propose aux internautes d’identifier, de photographier et de filmer “chaque flic en civil”, le tout “pour que l’insécurité gagne leur camp”, est-il écrit. “Nous identifierons un à un ces déchets”, promet ce site, qui compare la police française avec la Milice, en l’estimant “digne des grandes heures de Joseph Darnand”.

Cela a déclenché l’ire des syndicats de police.

“La liberté d’expression existe, mais l’injure et la diffamation et toutes les atteintes à l’image de l’institution policière doivent être condamnées avec la plus grande fermeté”, a réagi Mohammed Douhane, responsable de Synergie-Officiers. “Il est inadmissible de dire que la police nationale est +une milice+ digne de Joseph Darnand. Ils mettent en danger la sécurité des policiers”, fustige-t-il.

“On y trouve même des photos de collègues publiées avec leurs noms et leur affectation”, a dénoncé le syndicat Alliance (2e syndicat des gardiens de la paix) notamment “par le détournement de (leurs) pages personnelles du réseau social +Facebook+”.

Alliance a, le premier, tiré la sonnette d’alarme et demandé au ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux de saisir la justice. Il a été relayé mercredi par Synergie-Officiers.

Une hypothèse étudiée au ministère de l’Intérieur. “On suit de très près ce dossier, et on se réserve la possibilité de porter plainte dans un proche délai”, a confié une source ministérielle à l’AFP.

Le site internet se présente comme un “collectif d’organismes de médias indépendants”, se “considère comme une sorte d?agence de presse” et se défend d’être “anti-flics”.

On y trouve en tout cas des photos de policiers en civil, certains avec leur identité, affublées de commentaires.

Ainsi une photo de policier avec son nom, son service et une légende assurant que son tee-shirt est une marque “fétiche du néo-nazisme international”.

Ce site s’inspire d’un concept né aux Etats-Unis dans les années 1980 afin de lutter contre les violences policières appelé +copwatch+, où des patrouilles de citoyens filment ou photographient les interventions policières qui sont ensuite diffusés sur internet.

“Mais dans ce concept, les images diffusées sont brutes, ce qui n’est pas le cas avec ce site”, explique une source policière.

Par ailleurs, certains policiers, par leur fonction – comme ceux appartenant au RAID ou à la DNAT – sont protégés et divulguer leur identité “constitue une infraction pénale”, a assuré une source proche de la direction de la Préfecture de Police de Paris.

“Dans la mesure où ils publient les identités et les photos de policiers en civil, et où ils dénigrent la fonction, ils sont passibles de poursuites pour diffamation et atteinte au droit à l’image”, a expliqué à l’AFP l’avocate Anne-Laure Compoint.

Mais le fait de diffuser des photos de policiers sur la voie publique “n’est pas répréhensible”, ajoute-t-elle, estimant qu’il existe “un flou juridique” sur cette question.