Groupe Lucien Barrière stoppé aux portes de la Bourse

photo_1285784852809-1-1.jpg
çade de l’hôtel Fouquet’s Barrière lors de son inauguration, le 26 octobre 2006 (Photo : Francois Guillot)

[29/09/2010 18:31:31] PARIS (AFP) L’entrée en Bourse de Groupe Lucien Barrière (casinos et hôtels), qui devait faire figure de test pour le marché parisien, n’aura pas lieu, son grand actionnaire Accor ayant décidé à la dernière minute de ne plus vendre ses actions faute d’avoir convaincu assez d’investisseurs.

L’annonce est intervenue mercredi à l’issue de la clôture de l’offre: le prix d’introduction de l’action Groupe Lucien Barrière devait être annoncé jeudi pour permettre une cotation le lendemain.

Cette opération était suivie avec grande attention par les marchés, qui la voyait comme un test de la capacité de la Bourse de Paris à accueillir des mises sur le marché de plus grande ampleur qu’au cours des derniers mois.

La dernière opération notable, en février avec Medica, s’est soldée par un prix d’introduction revu à la baisse pour le gestionnaire de maisons de retraite.

Accor, qui détient 49% de Lucien Barrière a justifié sa décision par le fait que la fourchette de prix retenue (de 16,10 à 19,60 euros) n’avait pas reçu “l’intérêt escompté de la part des investisseurs”.

La nouvelle n’a pas complètement étonné le marché, alors que des informations circulaient depuis deux jours sur une introduction à un prix situé à 16,10 euros, soit l’hypothèse basse mentionnée par le groupe.

Annuler une introduction en Bourse, “c’est déjà arrivé dans des marchés ultra-nerveux, mais on ne voit pas cela tous les quatre matins”, relève un vendeur en salle de marchés qui, pour retrouver un précédent, doit remonter à la crise des “subprime” en 2007.

Le groupe hôtelier Accor, qui se recentre sur son coeur de métier, n’exclut pas une nouvelle tentative, par exemple en 2011 qui pourrait être “une meilleure année sur les marchés”, selon son PDG Gilles Pélisson.

Accor laisse “toutes les options ouvertes ” pour se défaire de sa participation qualifiée de “non stratégique” dans Barrière.

L’entrée en Bourse de Barrière — 37 casinos dont 33 en France, 16 hôtels de luxe et 131 restaurants et bars — devait se faire par cession des actions d’Accor. L’autre actionnaire, avec 51% des parts, le groupe familial Desseigne-Barrière, comptait pour sa part conserver l’intégralité de sa participation et même profiter de l’occasion pour se renforcer à 53%.

Accor a affirmé avoir “la capacité de poursuivre son expansion tout en conservant sa participation” dans Groupe Lucien Barrière. En revanche, son désendettement, “qui devait être accéléré (grâce cette opération) se fera maintenant à un rythme normal”, a prévenu Gilles Pélisson.

Dominique Desseigne, PDG de Barrière, s’est dit “forcément un peu déçu”.

“Tous les contacts pris ces dernières semaines me confortent dans la conviction que nos actifs sont porteurs de croissance”, a-t-il expliqué par courriel à l’AFP.

Dans ses tournées auprès des investisseurs, il assure avoir reçu “un accueil très positif. Mais aujourd’hui les conditions de marché ne sont pas réunies pour procéder à une telle opération”.

“Il n’y a rien de changé à notre stratégie de développement car nous avons tous les moyens nécessaires à nos ambitions. L’introduction en Bourse aurait été un accélérateur de visibilité, notamment à l’international. Rien de plus”, dit-il encore.

L’entrée en Bourse était programmée alors que les deux métiers du groupe connaissaient des signes de rebond, y compris dans les casinos, plus affectés par la crise et l’interdiction du tabac dans les lieux publics.