Accident d’A320 d’Air New Zealand : le pilotage et l’entretien en cause

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èle en mémoire des victimes de l’accident d’A320 d’Air New Zealand, au Acente-en-Roussillon le 27 novembre 2009 (Photo : Raymond Roig)

[16/09/2010 15:11:18] LE BOURGET (AFP) De mauvaises décisions des pilotes et une erreur d’entretien sur l’avion ont conduit à l’accident d’un Airbus A320 d’Air New Zealand abîmé en Méditerranée en 2008, a conclu jeudi l’enquête technique du BEA (Bureau d’enquêtes et d’analyses) français.

L’A320 s’était abîmé en Méditerranée, au large des Pyrénées-Orientales, le 27 novembre 2008, tuant les sept hommes à bord, deux Allemands et cinq Néo-Zélandais, tous des professionnels de l’aviation.

Dans son rapport définitif, le BEA, chargé de l’enquête technique, souligne plusieurs erreurs de l’équipage, qui a perdu le contrôle de l’avion.

Les pilotes étaient habilités légalement à conduire ce vol inhabituel mais n’en avait pas la compétence technique, jugent les enquêteurs.

L’équipage “n’avait pas la formation, l’expérience et les méthodes requises pour réaliser le programme de vol”, selon le BEA.

L’appareil était loué à la compagnie XL Airways Germany par Air New Zealand et effectuait un vol de vérification, afin de tester ses capacités, avant la restitution à son propriétaire néo-zélandais.

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Carte de localisation de l’accident (Photo : Sophie Ramis)

Le statut flou de ce vol – qui n’était pas un vrai vol d’essais – a conduit l’équipage à “improviser”, a souligné Sébastien David, enquêteur du BEA en charge du dossier, lors d’une conférence de presse.

“Il n’y a pas eu de coordination entre les trois personnes dans le poste de pilotage”, les deux pilotes allemands aux commandes et le pilote néo-zélandais, a-t-il ajouté.

Parmi les erreurs, le BEA indique “la décision de réaliser la démonstration à faible hauteur” et basse vitesse comme un des facteurs ayant contribué à l’accident.

L’enquête souligne aussi le rôle de l’entreprise d’entretien EAS Industries de Perpignan qui, trois jours auparavant, avait procédé à des travaux de nettoyage et de peinture sur l’appareil.

Un rinçage de l’avion “sans suivre la procédure applicable” a en effet conduit au blocage d’instruments importants pour la tenue du vol – les “sondes d’incidence” – par congélation de l’eau ayant pénétré à l’intérieur.

Ces sondes, dont deux sur trois n’ont pas fonctionné normalement, permettent normalement de mesurer l’assiette de l’avion et d’empêcher son décrochage, c’est à dire une perte de portance pouvant entraîner la chute de l’appareil.

A cause de leur dysfonctionnement, “l’équipage s’est retrouvé directement en décrochage sans avoir les protections normales”, a expliqué le directeur du BEA Jean-Paul Troadec.

Ces sondes d’incidence sont de nature totalement différente des sondes Pitot de mesure de vitesse mises en cause dans l’accident de l’A330 d’Air France entre Rio et Paris le 1er juin 2009.

Le rapport du BEA rejoint en partie les conclusions des experts publiées fin juin dans le cadre d’une enquête judiciaire distincte, qui avait mis en cause le pilotage et le rôle des sondes d’incidence.

Le BEA, dont le rôle est de prévenir de futurs accidents mais pas d’établir des responsabilités pénales, émet quant à lui plusieurs recommandations à la suite de son enquête.

Il préconise de mieux encadrer les vols spéciaux tels que celui effectué par l’A320 d’Air New Zealand, qui ne sont ni des vols commerciaux ni des vols d’essais à proprement parler.

Il recommande aussi de faire “évoluer les exercices d?entraînement et les procédures relatives aux techniques d?approche du décrochage”. Ce changement est déjà actuellement à l’étude chez Airbus comme chez Boeing.