Marée noire : la fuite stoppée pour la première fois mais BP reste prudent

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écran d’une vidéo de BP montrant le test visant à évaluer la résistance du puits endommagé, le 15 juillet 2010

[16/07/2010 12:24:10] LA NOUVELLE ORLEANS (Etats-Unis) (AFP) Le géant pétrolier BP est parvenu jeudi à arrêter l’écoulement de pétrole qui souille le golfe du Mexique depuis près de trois mois, un pas très encourageant qui a de nouveau dopé son cours de Bourse, sans pour autant signifier une victoire définitive sur cette pollution.

“C’est bon de voir que le pétrole ne s’échappe plus dans le golfe du Mexique”, a déclaré jeudi le vice-président de BP Kent Wells, ajoutant toutefois qu’il était trop tôt pour dire si le puits avait été définitivement bouché, près de trois mois après l’explosion de la plateforme Deepwater Horizon au large des côtes de Louisiane (sud), le 20 avril.

Depuis que la fuite a cessé, jeudi à 19h25 GMT, BP essaie de s’assurer, par des mesures de la pression, qu’aucune fuite ne s’est créée dans le coffrage de l’installation, qui descend à 4 km de profondeur sous terre.

Si ces tests sont concluants, le groupe fera entrer en fonction le nouvel entonnoir géant posé lundi sur la fuite, qui permettra de stopper la marée noire, la pire de l’histoire de l’industrie pétrolière.

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ésident américain Barack Obama à Washington le 15 juillet 2010 (Photo : Mandel Ngan)

Le président Barack Obama s’est réjoui de l’avancée de jeudi, la qualifiant de “signe positif”, tout en prévenant que “nous sommes toujours dans une phase de test”.

M. Obama devait s’exprimer à nouveau vendredi.

Le scientifique américain Michio Kaku a exprimé jeudi son “optimisme”. “Nous pouvons voir la lumière à la fin du tunnel”, a-t-il dit. “Si (la marée noire) était un drame en trois actes, nous en serions au troisième et dernier acte”, selon lui.

D’autant que, si le puits ne parvenait pas à être colmaté définitivement à l’aide de l’entonnoir, BP compte voir entrer en oeuvre début août le premier des deux puits de secours censés stopper définitivement la fuite.

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étrole dans le Golfe du Mexique

A ces bonnes nouvelles sur le front technique s’est ajouté un article, cette fois dans le Financial Times, semblant confirmer que le groupe pétrolier s’apprête à des ventes d’actifs massives, pouvant aller jusqu’à une vingtaine de milliards de dollars, pour faire face aux coûts de cette crise.

Du coup le titre BP continuait sa vigoureuse remontée des abysses vendredi. Tandis que ses certificats ont gagné 7,57% jeudi à la Bourse de New York, le titre prenait 3,65% à la Bourse de Londres vers 12h00 GMT, à 416,35 pence. Le titre était ainsi en hausse de 40,8% depuis son plus bas en 14 ans atteint le 25 juin, mais encore en baisse de 36% par rapport à son niveau d’avant la catastrophe.

BP devait néanmoins se défendre sur un autre front vendredi, plus politique celui là. La société est accusée d’avoir influencé la libération en 2009 par la justice écossaise du Libyen Abdelbaset Megrahi, condamné pour l’attentat à la bombe dans un avion qui avait fait 270 morts en 1988, à Lockerbie, en Ecosse.

Interrogé par l’AFP le groupe a réitéré vendredi sa position. Oui il a fait pression pour que le gouvernement britannique accélère un transfèrement de prisonniers avec la Libye pour obtenir des contrats dans ce pays. Non, il n’a jamais spécifiquement insisté sur une libération de M. Megrahi.

Tout en soulignant que le nouveau gouvernement britannique juge que cette libération intervenue sous les travaillistes “était une erreur”, l’ambassadeur de Grande-Bretagne aux Etats-Unis Nigel Sheinwald a confirmé la version de BP, dans une lettre envoyée jeudi à John Kerry. Le président de la commission des Affaires étrangères du Sénat américain, qui veut étudier les circonstances de la libération de M. Megrahi.

Philip Crowley, le porte-parole de la diplomatie américaine, a indiqué accepter les affirmations selon laquelle la libération de Megrahi était intervenue pour raisons humanitaires, et non pour satisfaire BP.